En tout ce, qu' il eprouve, & Chaleur & Froidur[e,] Saveur, Odeur, & Son, & Couleur & Piquure, Il ne connoit d' abord, que ses Perceprions; Un Principe secret fait nos Sensations. Que, si l'on peut pretendre a savoir davantage, Et chercher dans les Corps par quelles Actions Vous viennent ces impressions; Ces connoissances sont l' Ouvrage De nos Raisonnemens, de nos Reflexions.
Dans les Proprietez a notre Esprit donnees; Ne melons donc jamais rien de materiel; Et que dans l' Etre corporel Ses qualitez a part soient discernees. Car enfin, qui pourra jamais se proposer, De mesurer une Ame, ou de la diviser? Et veut-on, que d' un Corps arrangeant les parcelles, Quelque agitation, qu' on se figure en Elles, Une Ame connoissante ait pau s'en composer? Comment en tous les Sens ces parcelles placees Deviendront-elles des Pensees? L'Esprit lui meme ainsi voudroit-il s' abuser?
En qualite d' Esprit, j' entens, affirme, nie, Je puis aimer, hair, douter, deliberer, Me repentir, craindre, esperer, Point de matiere ici, l' idee en est bannie. L'Esprit n' est point aigu, ni chaud, ni colore, En rond, en cube il n' est point figure; Mais une autre Nature a la sienne est unie. C' est un Corps, qui se peut diviser & mouvoir, Et dont les traits changeans peuvent s' appercevoir.
Qu[e]
De l’Eſprit et du Corpſ.
En tout ce, qu’ il éprouve, & Chaleur & Froidur[e,] Saveur, Odeur, & Son, & Couleur & Piquure, Il ne connoit d’ abord, que ſes Perceprions; Un Principe ſecret fait nos Senſations. Que, ſi l’on peut prétendre à ſavoir davantage, Et chercher dans les Corps par quelles Actions Vous viennent ces impresſions; Ces connoiſſances ſont l’ Ouvrage De nos Raiſonnemens, de nos Reflexions.
Dans les Proprietez à nôtre Eſprit données; Ne mêlons donc jamais rien de materiel; Et que dans l’ Etre corporel Ses qualitez à part ſoient diſcernées. Car enfin, qui pourra jamais ſe propoſer, De meſurer une Ame, ou de la diviſer? Et veut-on, que d’ un Corps arrangeant les parcelles, Quelque agitation, qu’ on ſe figure en Elles, Une Ame connoiſſante ait pû s’en compoſer? Comment en tous les Sens ces parcelles placées Deviendront-elles des Penſées? L’Eſprit lui même ainſi voudroit-il s’ abuſer?
En qualité d’ Eſprit, j’ entens, affirme, nie, Je puis aimer, haïr, douter, deliberer, Me repentir, craindre, eſperer, Point de matiere ici, l’ idée en eſt bannie. L’Eſprit n’ eſt point aigu, ni chaud, ni coloré, En rond, en cube il n’ eſt point figuré; Mais une autre Nature à la ſienne eſt unie. C’ eſt un Corps, qui ſe peut diviſer & mouvoir, Et dont les traits changeans peuvent s’ appercevoir.
Qu[e]
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De l’Eſprit et du Corpſ.
En tout ce, qu’ il éprouve, & Chaleur & Froidure,
Saveur, Odeur, & Son, & Couleur & Piquure,
Il ne connoit d’ abord, que ſes Perceprions;
Un Principe ſecret fait nos Senſations.
Que, ſi l’on peut prétendre à ſavoir davantage,
Et chercher dans les Corps par quelles Actions
Vous viennent ces impresſions;
Ces connoiſſances ſont l’ Ouvrage
De nos Raiſonnemens, de nos Reflexions.
Dans les Proprietez à nôtre Eſprit données;
Ne mêlons donc jamais rien de materiel;
Et que dans l’ Etre corporel
Ses qualitez à part ſoient diſcernées.
Car enfin, qui pourra jamais ſe propoſer,
De meſurer une Ame, ou de la diviſer?
Et veut-on, que d’ un Corps arrangeant les parcelles,
Quelque agitation, qu’ on ſe figure en Elles,
Une Ame connoiſſante ait pû s’en compoſer?
Comment en tous les Sens ces parcelles placées
Deviendront-elles des Penſées?
L’Eſprit lui même ainſi voudroit-il s’ abuſer?
En qualité d’ Eſprit, j’ entens, affirme, nie,
Je puis aimer, haïr, douter, deliberer,
Me repentir, craindre, eſperer,
Point de matiere ici, l’ idée en eſt bannie.
L’Eſprit n’ eſt point aigu, ni chaud, ni coloré,
En rond, en cube il n’ eſt point figuré;
Mais une autre Nature à la ſienne eſt unie.
C’ eſt un Corps, qui ſe peut diviſer & mouvoir,
Et dont les traits changeans peuvent s’ appercevoir.
Que
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 40. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/70>, abgerufen am 16.07.2024.
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