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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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ption de la bourse, et ce maudit son, mon
coeur s'en repaissait. J'entassai sans relache
le metal sur le metal, jusqu'a ce qu'enfin, ac-
cable de fatigue, je me roulai sur ce tresor.
Je nageais en quelque sorte dans cet ocean de
richesses. Ainsi se passa la journee, la nuit
me trouva gisant sur mon or, et le sommeil
vint enfin m'y fermer les yeux.

Un songe me reporta pres de toi, je me
trouvai derriere la porte vitree de ta petite
chambre. Tu etais assis a ton bureau entre
un squelette et un volume de ton herbier; Hal-
ler, Humboldt et Linnee, etaient ouverts de-
vant toi, et sur ton canape, Homere et Shak-
speare. Je te considerai long-temps, puis j'exa-
minai tout ce qui etait autour de toi, et mes
yeux te contemplerent de nouveau, mais tu etais
sans mouvement, sans respiration, sans vie.

Je m'eveillai. Il paraissait etre encore de
fort bonne heure; ma montre etait arretee; j'e-
tais brise, et de plus je mourais de besoin; je
n'avais rien pris depuis la veille au matin. Je
repoussai avec depit loin de moi cet or, dont
peu auparavant, j'avais follement enivre mon
coeur. Maintenant, inquiet, triste et confus, je

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ption de la bourse, et ce maudit son, mon
coeur s’en repaissait. J’entassai sans relâche
le métal sur le métal, jusqu’à ce qu’enfin, ac-
cablé de fatigue, je me roulai sur ce trésor.
Je nageais en quelque sorte dans cet océan de
richesses. Ainsi se passa la journée, la nuit
me trouva gisant sur mon or, et le sommeil
vint enfin m’y fermer les yeux.

Un songe me reporta près de toi, je me
trouvai derrière la porte vitrée de ta petite
chambre. Tu étais assis à ton bureau entre
un squelette et un volume de ton herbier; Hal-
ler, Humboldt et Linnée, étaient ouverts de-
vant toi, et sur ton canapé, Homère et Shak-
speare. Je te considérai long-temps, puis j’exa-
minai tout ce qui était autour de toi, et mes
yeux te contemplèrent de nouveau, mais tu étais
sans mouvement, sans respiration, sans vie.

Je m’éveillai. Il paraissait être encore de
fort bonne heure; ma montre était arrêtée; j’é-
tais brisé, et de plus je mourais de besoin; je
n’avais rien pris depuis la veille au matin. Je
repoussai avec dépit loin de moi cet or, dont
peu auparavant, j’avais follement enivré mon
coeur. Maintenant, inquiet, triste et confus, je

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[17/0035] ption de la bourse, et ce maudit son, mon coeur s’en repaissait. J’entassai sans relâche le métal sur le métal, jusqu’à ce qu’enfin, ac- cablé de fatigue, je me roulai sur ce trésor. Je nageais en quelque sorte dans cet océan de richesses. Ainsi se passa la journée, la nuit me trouva gisant sur mon or, et le sommeil vint enfin m’y fermer les yeux. Un songe me reporta près de toi, je me trouvai derrière la porte vitrée de ta petite chambre. Tu étais assis à ton bureau entre un squelette et un volume de ton herbier; Hal- ler, Humboldt et Linnée, étaient ouverts de- vant toi, et sur ton canapé, Homère et Shak- speare. Je te considérai long-temps, puis j’exa- minai tout ce qui était autour de toi, et mes yeux te contemplèrent de nouveau, mais tu étais sans mouvement, sans respiration, sans vie. Je m’éveillai. Il paraissait être encore de fort bonne heure; ma montre était arrêtée; j’é- tais brisé, et de plus je mourais de besoin; je n’avais rien pris depuis la veille au matin. Je repoussai avec dépit loin de moi cet or, dont peu auparavant, j’avais follement enivré mon coeur. Maintenant, inquiet, triste et confus, je 2

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 17. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/35>, abgerufen am 21.11.2024.