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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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J'aurais voulu m'informer quel etait cet
homme, mais je ne savais a qui m'adresser,
car j'etais aussi timide envers messieurs les
valets qu'envers le reste de la societe. Je m'en-
hardis enfin, et m'approchant d'un jeune homme
qui me semblait sans consequence, et qu'on
avait souvent laisse seul, je le priai, a demi-
voix, de m'apprendre quel etait ce complaisant
d'une nouvelle espece, vetu d'un habit de taffe-
tas gris. -- "Qui? me repondit-il, celui qui
"ressemble a un bout de fil echappe de l'ai-
"guille d'un tailleur?" -- "Oui, celui qui se
"tient la seul a l'ecart." -- "Je ne le con-
"nais pas." Il me tourna le dos, et sans doute
pour eviter mes questions, il se mit a parler
de choses indifferentes avec un autre.

Cependant le soleil avait dissipe les nuages,
et l'ardeur de ses rayons commencait a incom-
moder les dames. La belle Fanny se tournant
negligemment vers l'homme en habit gris, au-
quel personne que je sache n'avait encore adresse
la parole, lui demanda si, par hasard, il n'au-
rait pas aussi une tente sur lui. Il ne repondit
que par le salut le plus profond, comme s'il
eaut ete loin de s'attendre a l'honneur qu'on lui

J’aurais voulu m’informer quel était cet
homme, mais je ne savais à qui m’adresser,
car j’étais aussi timide envers messieurs les
valets qu’envers le reste de la société. Je m’en-
hardis enfin, et m’approchant d’un jeune homme
qui me semblait sans conséquence, et qu’on
avait souvent laissé seul, je le priai, à demi-
voix, de m’apprendre quel était ce complaisant
d’une nouvelle espèce, vêtu d’un habit de taffe-
tas gris. — «Qui? me répondit-il, celui qui
«ressemble à un bout de fil échappé de l’ai-
«guille d’un tailleur?» — «Oui, celui qui se
«tient là seul à l’écart.» — «Je ne le con-
«nais pas.» Il me tourna le dos, et sans doute
pour éviter mes questions, il se mit à parler
de choses indifférentes avec un autre.

Cependant le soleil avait dissipé les nuages,
et l’ardeur de ses rayons commençait à incom-
moder les dames. La belle Fanny se tournant
négligemment vers l’homme en habit gris, au-
quel personne que je sache n’avait encore adressé
la parole, lui demanda si, par hasard, il n’au-
rait pas aussi une tente sur lui. Il ne répondit
que par le salut le plus profond, comme s’il
eût été loin de s’attendre à l’honneur qu’on lui

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[7/0023] J’aurais voulu m’informer quel était cet homme, mais je ne savais à qui m’adresser, car j’étais aussi timide envers messieurs les valets qu’envers le reste de la société. Je m’en- hardis enfin, et m’approchant d’un jeune homme qui me semblait sans conséquence, et qu’on avait souvent laissé seul, je le priai, à demi- voix, de m’apprendre quel était ce complaisant d’une nouvelle espèce, vêtu d’un habit de taffe- tas gris. — «Qui? me répondit-il, celui qui «ressemble à un bout de fil échappé de l’ai- «guille d’un tailleur?» — «Oui, celui qui se «tient là seul à l’écart.» — «Je ne le con- «nais pas.» Il me tourna le dos, et sans doute pour éviter mes questions, il se mit à parler de choses indifférentes avec un autre. Cependant le soleil avait dissipé les nuages, et l’ardeur de ses rayons commençait à incom- moder les dames. La belle Fanny se tournant négligemment vers l’homme en habit gris, au- quel personne que je sache n’avait encore adressé la parole, lui demanda si, par hasard, il n’au- rait pas aussi une tente sur lui. Il ne répondit que par le salut le plus profond, comme s’il eût été loin de s’attendre à l’honneur qu’on lui

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 7. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/23>, abgerufen am 27.11.2024.