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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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aujourd'hui plus heureux qu'il ne l'etait alors. --
Je trouve en moi la meme confiance, repondit
la belle veuve." Et tous deux passerent de-
vant mon lit et s'eloignerent.

Cet entretien m'avait profondement affecte,
et je balancais en moi-meme si je me ferais
connaeitre, ou si je partirais inconnu. Enfin je
me decidai; je me fis donner du papier et un
crayon, et je tracai ces mots:

"Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus
heureux aujourd'hui qu'il ne l'etait alors; et s'il
expie sa faute, c'est apres s'etre reconcilie."

Puis je demandai, me trouvant assez fort,
a me lever. On me donna la clef d'une petite
armoire qui etait au chevet de mon lit; j'y
retrouvai tout ce qui m'appartenait. Je m'habil-
lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire
ma boeite a botaniser, dans laquelle je retrou-
vai, avec plaisir, les lichens que j'avais recueil-
lis sur les cotes de Norwege, le jour de mon
accident. Je mis mes bottes, placai sur mon
lit le billet que j'avais prepare; et des que les

aujourd’hui plus heureux qu’il ne l’était alors. —
Je trouve en moi la même confiance, répondit
la belle veuve.» Et tous deux passèrent de-
vant mon lit et s’éloignèrent.

Cet entretien m’avait profondément affecté,
et je balançais en moi-même si je me ferais
connaître, ou si je partirais inconnu. Enfin je
me décidai; je me fis donner du papier et un
crayon, et je traçai ces mots:

«Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus
heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors; et s’il
expie sa faute, c’est après s’être réconcilié.»

Puis je demandai, me trouvant assez fort,
à me lever. On me donna la clef d’une petite
armoire qui était au chevet de mon lit; j’y
retrouvai tout ce qui m’appartenait. Je m’habil-
lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire
ma boîte à botaniser, dans laquelle je retrou-
vai, avec plaisir, les lichens que j’avais recueil-
lis sur les côtes de Norwège, le jour de mon
accident. Je mis mes bottes, plaçai sur mon
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[117/0149] aujourd’hui plus heureux qu’il ne l’était alors. — Je trouve en moi la même confiance, répondit la belle veuve.» Et tous deux passèrent de- vant mon lit et s’éloignèrent. Cet entretien m’avait profondément affecté, et je balançais en moi-même si je me ferais connaître, ou si je partirais inconnu. Enfin je me décidai; je me fis donner du papier et un crayon, et je traçai ces mots: «Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors; et s’il expie sa faute, c’est après s’être réconcilié.» Puis je demandai, me trouvant assez fort, à me lever. On me donna la clef d’une petite armoire qui était au chevet de mon lit; j’y retrouvai tout ce qui m’appartenait. Je m’habil- lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire ma boîte à botaniser, dans laquelle je retrou- vai, avec plaisir, les lichens que j’avais recueil- lis sur les côtes de Norwège, le jour de mon accident. Je mis mes bottes, plaçai sur mon lit le billet que j’avais préparé; et dès que les

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 117. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/149>, abgerufen am 26.11.2024.