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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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jour renvoye si fatigue, qu'il aura ete oblige
de garder la maison." Il se remit a rire. "Il
aura une longue histoire a vous faire. Bon soir
donc pour aujourd'hui. Au plaisir de vous re-
voir, et bientot!"

J'avais sonne a plusieurs reprises. Je vis
une lumiere en mouvement. Bendel demanda
qui etait la. Lorsque cet excellent serviteur eut
reconnu ma voix, a peine put-il contenir ses
transports. La porte s'ouvrit, et nous tombames,
en pleurant, dans les bras l'un de l'autre. Je
le trouvai tres-change. Il etait faible et malade.
Pour moi, mes cheveux etaient devenus tout
gris. Il me conduisit a travers ces vastes ap-
partemens, entierement devastes, a un cabinet
interieur qui avait ete epargne. Il y apporta
quelque nourriture, et s'etant assis pres de moi,
il recommenca a pleurer. Il me raconta que
l'homme grele, en habit gris, qu'il avait sur-
pris avec mon ombre, l'avait entraeine a sa suite
tres-loin et tres-long-temps, jusqu'a ce que,
tombant de lassitude, et ne pouvant plus re-
trouver mes traces, il faut reduit a prendre le
parti de se traeiner chez moi pour m'y attendre.
Que bientot la populace soulevee et ameutee

jour renvoyé si fatigué, qu’il aura été obligé
de garder la maison.» Il se remit à rire. «Il
aura une longue histoire à vous faire. Bon soir
donc pour aujourd’hui. Au plaisir de vous re-
voir, et bientôt!»

J’avais sonné à plusieurs reprises. Je vis
une lumière en mouvement. Bendel demanda
qui était là. Lorsque cet excellent serviteur eut
reconnu ma voix, à peine put-il contenir ses
transports. La porte s’ouvrit, et nous tombâmes,
en pleurant, dans les bras l’un de l’autre. Je
le trouvai très-changé. Il était faible et malade.
Pour moi, mes cheveux étaient devenus tout
gris. Il me conduisit à travers ces vastes ap-
partemens, entièrement dévastés, à un cabinet
intérieur qui avait été épargné. Il y apporta
quelque nourriture, et s’étant assis près de moi,
il recommença à pleurer. Il me raconta que
l’homme grèle, en habit gris, qu’il avait sur-
pris avec mon ombre, l’avait entraîné à sa suite
très-loin et très-long-temps, jusqu’à ce que,
tombant de lassitude, et ne pouvant plus re-
trouver mes traces, il fût réduit à prendre le
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Que bientôt la populace soulevée et ameutée

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[82/0106] jour renvoyé si fatigué, qu’il aura été obligé de garder la maison.» Il se remit à rire. «Il aura une longue histoire à vous faire. Bon soir donc pour aujourd’hui. Au plaisir de vous re- voir, et bientôt!» J’avais sonné à plusieurs reprises. Je vis une lumière en mouvement. Bendel demanda qui était là. Lorsque cet excellent serviteur eut reconnu ma voix, à peine put-il contenir ses transports. La porte s’ouvrit, et nous tombâmes, en pleurant, dans les bras l’un de l’autre. Je le trouvai très-changé. Il était faible et malade. Pour moi, mes cheveux étaient devenus tout gris. Il me conduisit à travers ces vastes ap- partemens, entièrement dévastés, à un cabinet intérieur qui avait été épargné. Il y apporta quelque nourriture, et s’étant assis près de moi, il recommença à pleurer. Il me raconta que l’homme grèle, en habit gris, qu’il avait sur- pris avec mon ombre, l’avait entraîné à sa suite très-loin et très-long-temps, jusqu’à ce que, tombant de lassitude, et ne pouvant plus re- trouver mes traces, il fût réduit à prendre le parti de se traîner chez moi pour m’y attendre. Que bientôt la populace soulevée et ameutée

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 82. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/106>, abgerufen am 28.11.2024.