On pourrait, au premier coup-d'oeil, et en n'ayant egard qu'a la direction des courants, etre tente d'admettre que ces phenomenes sont dus a des polarites secondaires developpees sur le fil. Mais bien des faits viennent combattre cette opinion. 1°. Les pheno- menes sont d'autant plus prononces que le fil est mieux isole. 2°. Les courants sont de beaucoup plus courte duree que ceux dus aux polarites secondaires. 3°. L'intensite des courants est propor- tionnelle a la force de la pile, et independante de l'intensite du courant derive, s'il en existe par suite d'imperfections de l'isole- ment; il s'ensuit que l'intensite des courants instantanes peut depasser de beaucoup le maximum auquel, dans le meme circuit, l'intensite du courant dau aux polarites secondaires est assujettie. 4°. Enfin, l'intensite des courants instantanes est proportionnelle a la longueur du fil, tandis qu'une relation inverse devrait avoir lieu, si ces courants provenaient de la decharge de polarites se- condaires.
Ainsi, il n'y a pas a songer a ces polarites pour l'expli- cation du phenomene. Mais, pour le comprendre tres-facilement, il n'y a qu'a se rappeler la belle experience, par laquelle Volta fournit la preuve la plus eclatante de l'identite du galvanisme et de l'electricite. Le physicien de Come montra qu'en faisant com- muniquer au sol l'une des extremites d'une de ses piles et l'autre a l'armature interne d'une batterie de Leyde non isolee, l'on obtient, dans un espace de temps presque insensible, une charge de la batterie proportionnelle a la force de la pile. En meme temps, on observe dans le conducteur, entre la pile et l'armature interne, un courant instantane qui, d'apres Ritter, offre toutes les proprietes d'un courant ordinaire.
Or il est evident que le fil souterrain, avec son enduit isolant, peut etre exactement assimile a une immense batterie de Leyde. Le cristal des jarres, c'est l'enduit de gutta-percha; l'armature interne, c'est la surface du fil de cuivre rouge; l'armature externe enfin, c'est le sol humide qui fonctionne, en ce cas, comme la main dans la premiere experience du chanoine de Dantzig. Pour se faire une idee de la capacite de cette nouvelle espece de batterie, il n'y a qu'a reflechir que la surface du fil equivaut a environ 7 metres carres par kilometre.
Faisant communiquer le fil par l'une de ses extremites a une
On pourrait, au premier coup-d’oeil, et en n’ayant égard qu’à la direction des courants, être tenté d’admettre que ces phénomènes sont dus à des polarités secondaires développées sur le fil. Mais bien des faits viennent combattre cette opinion. 1°. Les phéno- mènes sont d’autant plus prononcés que le fil est mieux isolé. 2°. Les courants sont de beaucoup plus courte durée que ceux dus aux polarités secondaires. 3°. L’intensité des courants est propor- tionnelle à la force de la pile, et indépendante de l’intensité du courant dérivé, s’il en existe par suite d’imperfections de l’isole- ment; il s’ensuit que l’intensité des courants instantanés peut dépasser de beaucoup le maximum auquel, dans le même circuit, l’intensité du courant dû aux polarités secondaires est assujettie. 4°. Enfin, l’intensité des courants instantanés est proportionnelle à la longueur du fil, tandis qu’une relation inverse devrait avoir lieu, si ces courants provenaient de la décharge de polarités se- condaires.
Ainsi, il n’y a pas à songer à ces polarités pour l’expli- cation du phénomène. Mais, pour le comprendre très-facilement, il n’y a qu’à se rappeler la belle expérience, par laquelle Volta fournit la preuve la plus éclatante de l’identité du galvanisme et de l’électricité. Le physicien de Côme montra qu’en faisant com- muniquer au sol l’une des extrémités d’une de ses piles et l’autre à l’armature interne d’une batterie de Leyde non isolée, l’on obtient, dans un espace de temps presque insensible, une charge de la batterie proportionnelle à la force de la pile. En même temps, on observe dans le conducteur, entre la pile et l’armature interne, un courant instantané qui, d’après Ritter, offre toutes les propriétés d’un courant ordinaire.
Or il est évident que le fil souterrain, avec son enduit isolant, peut être exactement assimilé à une immense batterie de Leyde. Le cristal des jarres, c’est l’enduit de gutta-percha; l’armature interne, c’est la surface du fil de cuivre rouge; l’armature externe enfin, c’est le sol humide qui fonctionne, en ce cas, comme la main dans la première expérience du chanoine de Dantzig. Pour se faire une idée de la capacité de cette nouvelle espèce de batterie, il n’y a qu’à réfléchir que la surface du fil équivaut à environ 7 mètres carrés par kilomètre.
Faisant communiquer le fil par l’une de ses extrémités à une
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On pourrait, au premier coup-d’oeil, et en n’ayant égard qu’à
la direction des courants, être tenté d’admettre que ces phénomènes
sont dus à des polarités secondaires développées sur le fil. Mais
bien des faits viennent combattre cette opinion. 1°. Les phéno-
mènes sont d’autant plus prononcés que le fil est mieux isolé. 2°.
Les courants sont de beaucoup plus courte durée que ceux dus
aux polarités secondaires. 3°. L’intensité des courants est propor-
tionnelle à la force de la pile, et indépendante de l’intensité du
courant dérivé, s’il en existe par suite d’imperfections de l’isole-
ment; il s’ensuit que l’intensité des courants instantanés peut
dépasser de beaucoup le maximum auquel, dans le même circuit,
l’intensité du courant dû aux polarités secondaires est assujettie.
4°. Enfin, l’intensité des courants instantanés est proportionnelle
à la longueur du fil, tandis qu’une relation inverse devrait avoir
lieu, si ces courants provenaient de la décharge de polarités se-
condaires.
Ainsi, il n’y a pas à songer à ces polarités pour l’expli-
cation du phénomène. Mais, pour le comprendre très-facilement,
il n’y a qu’à se rappeler la belle expérience, par laquelle Volta
fournit la preuve la plus éclatante de l’identité du galvanisme et
de l’électricité. Le physicien de Côme montra qu’en faisant com-
muniquer au sol l’une des extrémités d’une de ses piles et l’autre
à l’armature interne d’une batterie de Leyde non isolée, l’on
obtient, dans un espace de temps presque insensible, une charge
de la batterie proportionnelle à la force de la pile. En même
temps, on observe dans le conducteur, entre la pile et l’armature
interne, un courant instantané qui, d’après Ritter, offre toutes les
propriétés d’un courant ordinaire.
Or il est évident que le fil souterrain, avec son enduit isolant,
peut être exactement assimilé à une immense batterie de Leyde.
Le cristal des jarres, c’est l’enduit de gutta-percha; l’armature
interne, c’est la surface du fil de cuivre rouge; l’armature externe
enfin, c’est le sol humide qui fonctionne, en ce cas, comme la
main dans la première expérience du chanoine de Dantzig. Pour
se faire une idée de la capacité de cette nouvelle espèce de batterie,
il n’y a qu’à réfléchir que la surface du fil équivaut à environ
7 mètres carrés par kilomètre.
Faisant communiquer le fil par l’une de ses extrémités à une
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Siemens, Werner von: Gesammelte Abhandlungen und Vorträge. Berlin, 1881, S. 63. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/siemens_abhandlungen_1881/81>, abgerufen am 25.11.2024.
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