Gleim, Johann Wilhelm Ludwig: Versuch in Scherzhaften Liedern. Bd. 2. Berlin, 1745.meines Geliebten, daß ich dir diese neue Oden samen y a de certaines choses qu'on n'entend jamais, quand on ne les entend pas d'abord: on ne fait point entrer certains esprits durs & farouches dans le charme & dans la facilite des Balets de Benserade & des fables de la Fontaine; cette porte leur est fermee, & la mienne aussi; ils sont in- dignes de jamais comprendre ces sortes de beau- tez & sont condamnez au malheur de les improu- ver & d'etre improuvez aussi des gens d'esprit. Nous avons trouve beaucoup de ces pedans. Mon premier mouvement est toujours de me mettre en colere, & puis de tacher de les instruire; mais j'ai trouve la chose absolument impossible. C'est un batiment, qu'il faudroit reprendre par le pied; il y auroit trop d'affaires a le reparer: & enfin nous trouvions qu'il n'y avoit qu'a prier Dieu pour eux, car nulle puissance humaine n'est capable de les eclairer. C'est le sentiment, que j'aurai toujours pour un homme qui condamne le beau feu & les vers de Benserade, dont le Roi & toute la Cour a fait ses delices, & qui ne con- noeit pas les charmes des fables de la Fontaine. Je ne m'en dedis point, il n'ya qu'a prier Dieu pour un tel homme, & qu'a souhaiter de n'avoir point de commerce avec lui. Seht, welche verhärtete Köpfe unter den Lan- desleuten der Frau von Sevigne! Ich wiederhole )( 3
meines Geliebten, daß ich dir dieſe neue Oden ſamen y a de certaines choſes qu’on n’entend jamais, quand on ne les entend pas d’abord: on ne fait point entrer certains eſprits durs & farouches dans le charme & dans la facilité des Balets de Benſerade & des fables de la Fontaine; cette porte leur eſt fermée, & la mienne auſſi; ils ſont in- dignes de jamais comprendre ces ſortes de beau- tez & ſont condamnez au malheur de les improu- ver & d’être improuvez auſſi des gens d’eſprit. Nous avons trouvé beaucoup de ces pedans. Mon premier mouvement eſt toujours de me mettre en colere, & puis de tacher de les inſtruire; mais j’ai trouvé la choſe abſolument impoſſible. C’eſt un batiment, qu’il faudroit reprendre par le pied; il y auroit trop d’affaires à le reparer: & enfin nous trouvions qu’il n’y avoit qu’à prier Dieu pour eux, car nulle puiſſance humaine n’eſt capable de les éclairer. C’eſt le ſentiment, que j’aurai toujours pour un homme qui condamne le beau feu & les vers de Benſerade, dont le Roi & toute la Cour a fait ſes délices, & qui ne con- noît pas les charmes des fables de la Fontaine. Je ne m’en dedis point, il n’ya qu’à prier Dieu pour un tel homme, & qu’à ſouhaiter de n’avoir point de commerce avec lui. Seht, welche verhärtete Köpfe unter den Lan- desleuten der Frau von Sevigne! Ich wiederhole )( 3
<TEI> <text> <front> <div type="preface"> <p><pb facs="#f0007" n="V"/> meines Geliebten, daß ich dir dieſe neue Oden<lb/> überreiche. Er hat ſie meiſtens zu meinem ein-<lb/> <fw place="bottom" type="sig">)( 3</fw><fw place="bottom" type="catch">ſamen</fw><lb/><note next="#a3" xml:id="a2" prev="#a1" place="foot" n="(*)"><hi rendition="#aq">y a de certaines choſes qu’on n’entend jamais,<lb/> quand on ne les entend pas d’abord: on ne fait<lb/> point entrer certains eſprits durs & farouches<lb/> dans le charme & dans la facilité des Balets de<lb/><hi rendition="#i">Benſerade</hi> & des fables <hi rendition="#i">de la Fontaine</hi>; cette porte<lb/> leur eſt fermée, & la mienne auſſi; ils ſont in-<lb/> dignes de jamais comprendre ces ſortes de beau-<lb/> tez & ſont condamnez au malheur de les improu-<lb/> ver & d’être improuvez auſſi des gens d’eſprit.<lb/> Nous avons trouvé beaucoup de ces pedans. Mon<lb/> premier mouvement eſt toujours de me mettre<lb/> en colere, & puis de tacher de les inſtruire; mais<lb/> j’ai trouvé la choſe abſolument impoſſible. C’eſt<lb/> un batiment, qu’il faudroit reprendre par le<lb/> pied; il y auroit trop d’affaires à le reparer: &<lb/> enfin nous trouvions qu’il n’y avoit qu’à prier<lb/> Dieu pour eux, car nulle puiſſance humaine n’eſt<lb/> capable de les éclairer. C’eſt le ſentiment, que<lb/> j’aurai toujours pour un homme qui condamne<lb/> le beau feu & les vers de Benſerade, dont le Roi<lb/> & toute la Cour a fait ſes délices, & qui ne con-<lb/> noît pas les charmes des fables de la <hi rendition="#i">Fontaine.</hi> Je<lb/> ne m’en dedis point, il n’ya qu’à prier Dieu pour<lb/> un tel homme, & qu’à ſouhaiter de n’avoir point<lb/> de commerce avec lui.</hi><lb/> Seht, welche verhärtete Köpfe unter den Lan-<lb/> desleuten der Frau von Sevigne! Ich wiederhole</note><lb/></p> </div> </front> </text> </TEI> [V/0007]
meines Geliebten, daß ich dir dieſe neue Oden
überreiche. Er hat ſie meiſtens zu meinem ein-
ſamen
(*)
(*) y a de certaines choſes qu’on n’entend jamais,
quand on ne les entend pas d’abord: on ne fait
point entrer certains eſprits durs & farouches
dans le charme & dans la facilité des Balets de
Benſerade & des fables de la Fontaine; cette porte
leur eſt fermée, & la mienne auſſi; ils ſont in-
dignes de jamais comprendre ces ſortes de beau-
tez & ſont condamnez au malheur de les improu-
ver & d’être improuvez auſſi des gens d’eſprit.
Nous avons trouvé beaucoup de ces pedans. Mon
premier mouvement eſt toujours de me mettre
en colere, & puis de tacher de les inſtruire; mais
j’ai trouvé la choſe abſolument impoſſible. C’eſt
un batiment, qu’il faudroit reprendre par le
pied; il y auroit trop d’affaires à le reparer: &
enfin nous trouvions qu’il n’y avoit qu’à prier
Dieu pour eux, car nulle puiſſance humaine n’eſt
capable de les éclairer. C’eſt le ſentiment, que
j’aurai toujours pour un homme qui condamne
le beau feu & les vers de Benſerade, dont le Roi
& toute la Cour a fait ſes délices, & qui ne con-
noît pas les charmes des fables de la Fontaine. Je
ne m’en dedis point, il n’ya qu’à prier Dieu pour
un tel homme, & qu’à ſouhaiter de n’avoir point
de commerce avec lui.
Seht, welche verhärtete Köpfe unter den Lan-
desleuten der Frau von Sevigne! Ich wiederhole
)( 3
Suche im WerkInformationen zum Werk
Download dieses Werks
XML (TEI P5) ·
HTML ·
Text Metadaten zum WerkTEI-Header · CMDI · Dublin Core Ansichten dieser Seite
Voyant Tools
|
URL zu diesem Werk: | https://www.deutschestextarchiv.de/gleim_versuch02_1745 |
URL zu dieser Seite: | https://www.deutschestextarchiv.de/gleim_versuch02_1745/7 |
Zitationshilfe: | Gleim, Johann Wilhelm Ludwig: Versuch in Scherzhaften Liedern. Bd. 2. Berlin, 1745, S. V. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/gleim_versuch02_1745/7>, abgerufen am 05.07.2024. |