De cet accord en Nous vient la pente grossiere, Par ou sont confondus l' Esprit & la Matiere. Comme nous ne saurions jamais nous souvenir, Que d' agir sans le Corps l' Ame ait ete capable, Nous croyons, ne pouvoir jamais les desunir; L' Erreur est presque inevitable, De les croire tous deux de Nature semblable. Loin de se distinguer de l' Etre corporel, L'Esprit s'avilissant se fait materiel. Basses preventions dans le Berceau recues! Avec un foible Corps des l' Enfance engagez, A suivre ses besoins a toute heure obligez, Notre Ame & la Matiere ont ete confondues; Et nous avons a tort donne le Sentiment Au Corps, qui n' en etoit, que le seul Instrument.
Tous ces traits distinguez, qui font la differenc Que dans les Corps on croit trouver, Tout ce, qu' en eux nous pensons observer, N' existe proprement, que dans l' Ame, qui pense. Autant, que dans les Corps peuvent etre comptez D' Attributs & de Qvalitez, Autant dans notre Esprit nous devons reconnoeitre De divers Attributs, & de manieres d' Etre. Et toutes ces Modalitez, Ces differens Etats, que les Objets font naeitre, Des Organes touchez simples ebranlemens Deviennent dans l' Esprit nos propres Sentimens.
[En]
De l’Eſprit et du Corpſ.
De cet accord en Nous vient la pente grosſiere, Par où ſont confondus l’ Eſprit & la Matiere. Comme nous ne ſaurions jamais nous ſouvenir, Que d’ agir ſans le Corps l’ Ame ait été capable, Nous croyons, ne pouvoir jamais les deſunir; L’ Erreur eſt preſque inevitable, De les croire tous deux de Nature ſemblable. Loin de ſe diſtinguer de l’ Etre corporel, L’Eſprit s’aviliſſant ſe fait materiel. Baſſes préventions dans le Berceau reçues! Avec un foible Corps dès l’ Enfance engagez, A ſuivre ſes beſoins à toute heure obligez, Notre Ame & la Matiere ont été confondues; Et nous avons à tort donné le Sentiment Au Corps, qui n’ en étoit, que le ſeul Inſtrument.
Tous ces traits diſtinguez, qui font la differenc Que dans les Corps on croit trouver, Tout ce, qu’ en eux nous penſons obſerver, N’ exiſte proprement, que dans l’ Ame, qui penſe. Autant, que dans les Corps peuvent être comptez D’ Attributs & de Qvalitez, Autant dans notre Eſprit nous devons reconnoître De divers Attributs, & de manieres d’ Etre. Et toutes ces Modalitez, Ces differens Etats, que les Objets font naître, Des Organes touchez ſimples ébranlemens Deviennent dans l’ Eſprit nos propres Sentimens.
[En]
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De l’Eſprit et du Corpſ.
De cet accord en Nous vient la pente grosſiere,
Par où ſont confondus l’ Eſprit & la Matiere.
Comme nous ne ſaurions jamais nous ſouvenir,
Que d’ agir ſans le Corps l’ Ame ait été capable,
Nous croyons, ne pouvoir jamais les deſunir;
L’ Erreur eſt preſque inevitable,
De les croire tous deux de Nature ſemblable.
Loin de ſe diſtinguer de l’ Etre corporel,
L’Eſprit s’aviliſſant ſe fait materiel.
Baſſes préventions dans le Berceau reçues!
Avec un foible Corps dès l’ Enfance engagez,
A ſuivre ſes beſoins à toute heure obligez,
Notre Ame & la Matiere ont été confondues;
Et nous avons à tort donné le Sentiment
Au Corps, qui n’ en étoit, que le ſeul Inſtrument.
Tous ces traits diſtinguez, qui font la differenc
Que dans les Corps on croit trouver,
Tout ce, qu’ en eux nous penſons obſerver,
N’ exiſte proprement, que dans l’ Ame, qui penſe.
Autant, que dans les Corps peuvent être comptez
D’ Attributs & de Qvalitez,
Autant dans notre Eſprit nous devons reconnoître
De divers Attributs, & de manieres d’ Etre.
Et toutes ces Modalitez,
Ces differens Etats, que les Objets font naître,
Des Organes touchez ſimples ébranlemens
Deviennent dans l’ Eſprit nos propres Sentimens.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 38. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/68>, abgerufen am 16.07.2024.
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