Börne, Ludwig: Briefe aus Paris. Bd. 4. Offenbach, 1833. Comme Charles son pere, en hurlant il devore Les boeufs amonceles qui palpitent encore. *) Signe de son instinct, il a sous un front chauve Le cerveau deprime, comme une bete fauve. Roi fangeux, que le ciel petrit dans sa colere Voila pourtant celui que l'Europe tolere! Triste peuple, cadavre empoisonne d'ulceres La vermine du cloeitre a ronge ses visceres. Dans les jours solennels, courbe sur son chemin L'ambassadeur Francais va lui baiser la main; Tr!!! par son envoye, quand cet affront la touche, La France avec horreur doit essuyer la bouche; La main de l'Egorgeur! la main de Ferdinand! II n'est rien de plus vil dans tout le continent! Oh! des peuples souffrans la justice est tardive
Elle a le pied boiteux, mais enfin elle arrive; Le peuple est patient car il est eternel, Nos pleures ont coule sur le sang fraternel! *) Les Bourbons sont des rois mangeurs. On sait
quelle enorme consommation de viandes, faisait en Angleterre Louis-le-desire. Charles IV. a surpasse par sa voracite tous les rois de sa race. Nous l'avons vu a Marseille et nous avons meme assiste a ses repas; au moment ou l'on apportait les filets de boeuf saignant, il s'agitait avec con¬ vulsion sur son fauteuil et poussait des rugisse¬ mens ranques comme ceux du tigre. Son fils Ferdinand n'a pas degenere; il conserve encore ce royal appetit. Comme Charles son père, en hurlant il dévore Les boeufs amoncelés qui palpitent encore. *) Signe de son instinct, il a sous un front chauve Le cerveau déprimé, comme une bête fauve. Roi fangeux, que le ciel pétrit dans sa colère Voilà pourtant celui que l'Europe tolère! Triste peuple, cadavre empoisonné d'ulcères La vermine du cloître a rongé ses viscères. Dans les jours solennels, courbé sur son chemin L'ambassadeur Français va lui baiser la main; Tr!!! par son envoyé, quand cet affront la touche, La France avec horreur doit essuyer la bouche; La main de l’Egorgeur! la main de Ferdinand! II n'est rien de plus vil dans tout le continent! Oh! des peuples souffrans la justice est tardive
Elle a le pied boiteux, mais enfin elle arrive; Le peuple est patient car il est éternel, Nos pleures ont coulé sur le sang fraternel! *) Les Bourbons sont des rois mangeurs. On sait
quelle énorme consommation de viandes, faisait en Angléterre Louis-le-désiré. Charles IV. a surpassé par sa voracité tous les rois de sa race. Nous l'avons vu à Marseille et nous avons même assisté à ses repas; au moment où l'on apportait les filets de boeuf saignant, il s'agitait avec con¬ vulsion sur son fauteuil et poussait des rugisse¬ mens ranques comme ceux du tigre. Son fils Ferdinand n'a pas dégénéré; il conserve encore ce royal appétit. <TEI> <text> <body> <div n="1"> <div n="2"> <lg type="poem"> <pb facs="#f0070" n="56"/> <lg n="6"> <l> <hi rendition="#aq">Comme Charles son père, en hurlant il dévore</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Les boeufs amoncelés qui palpitent encore.</hi> <note place="foot" n="*)"><lb/> <hi rendition="#aq">Les Bourbons sont des rois mangeurs. On sait<lb/> quelle énorme consommation de viandes, faisait<lb/> en Angléterre Louis-le-désiré. Charles IV. a<lb/> surpassé par sa voracité tous les rois de sa race.<lb/> Nous l'avons vu à Marseille et nous avons même<lb/> assisté à ses repas; au moment où l'on apportait<lb/> les filets de boeuf saignant, il s'agitait avec con¬<lb/> vulsion sur son fauteuil et poussait des rugisse¬<lb/> mens ranques comme ceux du tigre. Son fils<lb/> Ferdinand n'a pas dégénéré; il conserve encore<lb/> ce royal appétit.</hi> </note> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Signe de son instinct, il a sous un front chauve</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Le cerveau déprimé, comme une bête fauve.</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Roi fangeux, que le ciel pétrit dans sa colère</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Voilà pourtant celui que l'Europe tolère!</hi> </l><lb/> </lg> <lg n="7"> <l> <hi rendition="#aq">Triste peuple, cadavre empoisonné d'ulcères</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">La vermine du cloître a rongé ses viscères.</hi> </l><lb/> </lg> <lg n="8"> <l> <hi rendition="#aq">Dans les jours solennels, courbé sur son chemin</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">L'ambassadeur Français va lui baiser la main;</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Tr!!! par son envoyé, quand cet affront la touche,</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">La France avec horreur doit essuyer la bouche;</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">La main de l’Egorgeur! la main de Ferdinand!</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">II n'est rien de plus vil dans tout le continent!</hi> </l><lb/> </lg> <lg n="9"> <l> <hi rendition="#aq">Oh! des peuples souffrans la justice est tardive</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Elle a le pied boiteux, mais enfin elle arrive;</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Le peuple est patient car il est éternel,</hi> </l><lb/> <l> <hi rendition="#aq">Nos pleures ont coulé sur le sang fraternel!</hi> </l><lb/> </lg> </lg> </div> </div> </body> </text> </TEI> [56/0070]
Comme Charles son père, en hurlant il dévore
Les boeufs amoncelés qui palpitent encore. *)
Signe de son instinct, il a sous un front chauve
Le cerveau déprimé, comme une bête fauve.
Roi fangeux, que le ciel pétrit dans sa colère
Voilà pourtant celui que l'Europe tolère!
Triste peuple, cadavre empoisonné d'ulcères
La vermine du cloître a rongé ses viscères.
Dans les jours solennels, courbé sur son chemin
L'ambassadeur Français va lui baiser la main;
Tr!!! par son envoyé, quand cet affront la touche,
La France avec horreur doit essuyer la bouche;
La main de l’Egorgeur! la main de Ferdinand!
II n'est rien de plus vil dans tout le continent!
Oh! des peuples souffrans la justice est tardive
Elle a le pied boiteux, mais enfin elle arrive;
Le peuple est patient car il est éternel,
Nos pleures ont coulé sur le sang fraternel!
*)
Les Bourbons sont des rois mangeurs. On sait
quelle énorme consommation de viandes, faisait
en Angléterre Louis-le-désiré. Charles IV. a
surpassé par sa voracité tous les rois de sa race.
Nous l'avons vu à Marseille et nous avons même
assisté à ses repas; au moment où l'on apportait
les filets de boeuf saignant, il s'agitait avec con¬
vulsion sur son fauteuil et poussait des rugisse¬
mens ranques comme ceux du tigre. Son fils
Ferdinand n'a pas dégénéré; il conserve encore
ce royal appétit.
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