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Börne, Ludwig: Briefe aus Paris. Bd. 4. Offenbach, 1833.

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Voila ce roi chretien, que sa mere appellait
Ferdinand coeur de tigre et tete de Mulet:
C'est le type incarne de l'absolu pouvoir.
-- D'un clerge despote orgueilleux mannequin,
Je pare le gibet d'un cordon Franciscain,
L'Espagne est pour l'Europe une place de Greve.
Chose horrible! on dirait que depuis neuf annees,
Comme sur des gradins, assise aux Pyrenees,
L'Europe, par plaisir, contemple avec effroi
La liberte qui meurt sous les griffes d'un roi.
Et nous, pour admirer ce long martyrologe,
Nous nous sommes places dans la premiere loge --
Et nous, nous peuple fier qui, sous le grand drapeau,
Chassons les rois mauvais comme un lache troupeau,
Nous qui pouvons si bien leur tendre une main forte,
Nous souffrons qu'on les pende au seuil de notre porte,
Et les pieds convulsifs de ceux qui sont mourir
Sont comme les marteaux qui nous disent d'ouvrir!
Et quel est donc le Dieu, le Baal espagnol,
Pour qui fume ce sang repandu sur le sol?
Quel est l'homme assez fort pour que dans ses domaines
On recrute pour lui des victimes humaines?
Eh bien! connaissez donc le monarque puissant
Qui recoit en tribut l'holocauste de sang.
C'est un Bourbon qui suit de ses aeux la trace
Imbecille heritier d'une stupide race;
Un roi caputchonne qui dans une oraison
Mele un verset d'eglise avec la pendaison;
Voilà ce roi chrétien, que sa mère appellait
Ferdinand coeur de tigre et tête de Mulet:
C'est le type incarné de l'absolu pouvoir.
— D'un clergé despote orgueilleux mannequin,
Je pare le gibet d'un cordon Franciscain,
L'Espagne est pour l'Europe une place de Grève.
Chose horrible! on dirait que depuis neuf années,
Comme sur des gradins, assise aux Pyrenées,
L'Europe, par plaisir, contemple avec effroi
La liberté qui meurt sous les griffes d'un roi.
Et nous, pour admirer ce long martyrologe,
Nous nous sommes placés dans la première loge —
Et nous, nous peuple fier qui, sous le grand drapeau,
Chassons les rois mauvais comme un lâche troupeau,
Nous qui pouvons si bien leur tendre une main forte,
Nous souffrons qu'on les pende au seuil de notre porte,
Et les pieds convulsifs de ceux qui sont mourir
Sont comme les marteaux qui nous disent d'ouvrir!
Et quel est donc le Dieu, le Baal espagnol,
Pour qui fume ce sang repandu sur le sol?
Quel est l'homme assez fort pour que dans ses domaines
On recrute pour lui des victimes humaines?
Eh bien! connaissez donc le monarque puissant
Qui reçoit en tribut l'holocauste de sang.
C'est un Bourbon qui suit de ses aeux la trace
Imbécille héritier d'une stupide race;
Un roi caputchonné qui dans une oraison
Mêle un verset d'église avec la pendaison;
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[55/0069] Voilà ce roi chrétien, que sa mère appellait Ferdinand coeur de tigre et tête de Mulet: C'est le type incarné de l'absolu pouvoir. — D'un clergé despote orgueilleux mannequin, Je pare le gibet d'un cordon Franciscain, L'Espagne est pour l'Europe une place de Grève. Chose horrible! on dirait que depuis neuf années, Comme sur des gradins, assise aux Pyrenées, L'Europe, par plaisir, contemple avec effroi La liberté qui meurt sous les griffes d'un roi. Et nous, pour admirer ce long martyrologe, Nous nous sommes placés dans la première loge — Et nous, nous peuple fier qui, sous le grand drapeau, Chassons les rois mauvais comme un lâche troupeau, Nous qui pouvons si bien leur tendre une main forte, Nous souffrons qu'on les pende au seuil de notre porte, Et les pieds convulsifs de ceux qui sont mourir Sont comme les marteaux qui nous disent d'ouvrir! Et quel est donc le Dieu, le Baal espagnol, Pour qui fume ce sang repandu sur le sol? Quel est l'homme assez fort pour que dans ses domaines On recrute pour lui des victimes humaines? Eh bien! connaissez donc le monarque puissant Qui reçoit en tribut l'holocauste de sang. C'est un Bourbon qui suit de ses aeux la trace Imbécille héritier d'une stupide race; Un roi caputchonné qui dans une oraison Mêle un verset d'église avec la pendaison;

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Zitationshilfe: Börne, Ludwig: Briefe aus Paris. Bd. 4. Offenbach, 1833, S. 55. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/boerne_paris04_1833/69>, abgerufen am 27.04.2024.