Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.Souvent, depuis lors, je la trouvai dans La veille du jour fatal arriva. A peine pou- Souvent, depuis lors, je la trouvai dans La veille du jour fatal arriva. A peine pou- <TEI> <text> <body> <div n="1"> <pb facs="#f0072" n="52"/> <p>Souvent, depuis lors, je la trouvai dans<lb/> les larmes, et l’avenir s’obscurcit de plus en<lb/> plus pour moi. Ses parens cependant étaient<lb/> au comble du bonheur.</p><lb/> <p>La veille du jour fatal arriva. A peine pou-<lb/> vais-je respirer. J’avais, par précaution, rempli<lb/> d’or un assez grand nombre de caisses. J’atten-<lb/> dais avec impatience la douzième heure. Elle<lb/> sonna. Assis vis-à-vis de la pendule, l’oeil<lb/> fixé sur les aiguilles, chaque minute, chaque<lb/> seconde que je comptais, était un coup de poi-<lb/> gnard. Je tressaillais au moindre bruit qui se<lb/> faisait entendre. Le jour se leva, les heures se<lb/> succédèrent lentement comme si elles avaient eu<lb/> des ailes de plomb; la nuit survint. Onze heures<lb/> sonnèrent. Les dernières minutes, les dernières<lb/> secondes de la dernière heure s’écoulèrent; per-<lb/> sonne ne parut. Voilà minuit!! … Je compte,<lb/> les uns après les autres, les douze coups de la<lb/> cloche; au dernier, mes larmes s’échappèrent<lb/> comme un torrent, et je tombai à la renverse sur<lb/> mon lit de douleurs. Je n’avais plus d’espérance,<lb/> et je devais, à jamais sans ombre, demander le<lb/> lendemain la main de ma maîtresse. Un sommeil<lb/> plein d’angoisse me ferma les yeux vers le matin.</p> </div><lb/> <milestone rendition="#hr" unit="section"/><lb/> </body> </text> </TEI> [52/0072]
Souvent, depuis lors, je la trouvai dans
les larmes, et l’avenir s’obscurcit de plus en
plus pour moi. Ses parens cependant étaient
au comble du bonheur.
La veille du jour fatal arriva. A peine pou-
vais-je respirer. J’avais, par précaution, rempli
d’or un assez grand nombre de caisses. J’atten-
dais avec impatience la douzième heure. Elle
sonna. Assis vis-à-vis de la pendule, l’oeil
fixé sur les aiguilles, chaque minute, chaque
seconde que je comptais, était un coup de poi-
gnard. Je tressaillais au moindre bruit qui se
faisait entendre. Le jour se leva, les heures se
succédèrent lentement comme si elles avaient eu
des ailes de plomb; la nuit survint. Onze heures
sonnèrent. Les dernières minutes, les dernières
secondes de la dernière heure s’écoulèrent; per-
sonne ne parut. Voilà minuit!! … Je compte,
les uns après les autres, les douze coups de la
cloche; au dernier, mes larmes s’échappèrent
comme un torrent, et je tombai à la renverse sur
mon lit de douleurs. Je n’avais plus d’espérance,
et je devais, à jamais sans ombre, demander le
lendemain la main de ma maîtresse. Un sommeil
plein d’angoisse me ferma les yeux vers le matin.
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