Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.J'avoue que je n'etais pas fache de lui pro- Le lendemain je revins au meme lieu. J'a- *
J’avoue que je n’étais pas fâché de lui pro- Le lendemain je revins au même lieu. J’a- *
<TEI> <text> <body> <div n="1"> <pb facs="#f0071" n="51"/> <p>J’avoue que je n’étais pas fâché de lui pro-<lb/> curer quelque occupation qui l’éloignât de nous.<lb/> C’était une ruse que j’avais déjà employée plu-<lb/> sieurs fois, car le bon homme ne laissait pas<lb/> que d’être un peu fatigant. Pour la mère, elle<lb/> avait l’ouïe dure, et n’était pas, comme son<lb/> mari, jalouse de l’honneur d’entretenir M. le<lb/> comte. Ces heureux parens me pressèrent de<lb/> prolonger avec eux la soirée. Il fallut me re-<lb/> fuser à leurs instances. Nous étions au milieu<lb/> du jardin, et déjà je voyais la clarté de la lune<lb/> s’élever à l’horizon; je n’avais pas une minute<lb/> à perdre, mon temps était accompli.</p><lb/> <p>Le lendemain je revins au même lieu. J’a-<lb/> vais jeté mon manteau sur mes épaules, et ra-<lb/> battu mon chapeau sur mes yeux; je m’avançai<lb/> vers Mina; elle leva les yeux sur moi, et tres-<lb/> saillit. A ce mouvement je me rappelai cette nuit<lb/> lugubre, où jadis je m’étais exposé sans ombre<lb/> aux rayons de la lune. En effet, c’était elle-même<lb/> que j’avais vue cette nuit-là; m’avait-elle aussi<lb/> reconnu? Elle était silencieuse et abattue; ma<lb/> poitrine était oppressée. Je me levai de mon<lb/> siége; elle se jeta sans rien dire dans mon sein,<lb/> et l’inonda de ses pleurs. Je m’éloignai.</p><lb/> <fw place="bottom" type="sig">*</fw><lb/> </div> </body> </text> </TEI> [51/0071]
J’avoue que je n’étais pas fâché de lui pro-
curer quelque occupation qui l’éloignât de nous.
C’était une ruse que j’avais déjà employée plu-
sieurs fois, car le bon homme ne laissait pas
que d’être un peu fatigant. Pour la mère, elle
avait l’ouïe dure, et n’était pas, comme son
mari, jalouse de l’honneur d’entretenir M. le
comte. Ces heureux parens me pressèrent de
prolonger avec eux la soirée. Il fallut me re-
fuser à leurs instances. Nous étions au milieu
du jardin, et déjà je voyais la clarté de la lune
s’élever à l’horizon; je n’avais pas une minute
à perdre, mon temps était accompli.
Le lendemain je revins au même lieu. J’a-
vais jeté mon manteau sur mes épaules, et ra-
battu mon chapeau sur mes yeux; je m’avançai
vers Mina; elle leva les yeux sur moi, et tres-
saillit. A ce mouvement je me rappelai cette nuit
lugubre, où jadis je m’étais exposé sans ombre
aux rayons de la lune. En effet, c’était elle-même
que j’avais vue cette nuit-là; m’avait-elle aussi
reconnu? Elle était silencieuse et abattue; ma
poitrine était oppressée. Je me levai de mon
siége; elle se jeta sans rien dire dans mon sein,
et l’inonda de ses pleurs. Je m’éloignai.
*
Suche im WerkInformationen zum Werk
Download dieses Werks
XML (TEI P5) ·
HTML ·
Text Metadaten zum WerkTEI-Header · CMDI · Dublin Core Ansichten dieser Seite
Voyant Tools ?Language Resource Switchboard?FeedbackSie haben einen Fehler gefunden? Dann können Sie diesen über unsere Qualitätssicherungsplattform DTAQ melden. Kommentar zur DTA-AusgabeDieses Werk wurde im Rahmen des Moduls DTA-Erweiterungen (DTAE) digitalisiert. Weitere Informationen …
|
Insbesondere im Hinblick auf die §§ 86a StGB und 130 StGB wird festgestellt, dass die auf diesen Seiten abgebildeten Inhalte weder in irgendeiner Form propagandistischen Zwecken dienen, oder Werbung für verbotene Organisationen oder Vereinigungen darstellen, oder nationalsozialistische Verbrechen leugnen oder verharmlosen, noch zum Zwecke der Herabwürdigung der Menschenwürde gezeigt werden. Die auf diesen Seiten abgebildeten Inhalte (in Wort und Bild) dienen im Sinne des § 86 StGB Abs. 3 ausschließlich historischen, sozial- oder kulturwissenschaftlichen Forschungszwecken. Ihre Veröffentlichung erfolgt in der Absicht, Wissen zur Anregung der intellektuellen Selbstständigkeit und Verantwortungsbereitschaft des Staatsbürgers zu vermitteln und damit der Förderung seiner Mündigkeit zu dienen.
2007–2024 Deutsches Textarchiv, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften.
Kontakt: redaktion(at)deutschestextarchiv.de. |