"vellement attaches a mon service; ils ont tous "contribue a ma joie, il est juste qu'ils y trou- "vent leur profit."
Il n'en fut plus question. Rascal resta le premier de mes domestiques, car Bendel etait mon confident et mon ami. Celui-ci s'etait ac- coutume a regarder mes richesses comme ine- puisables, sans jamais s'enquerir quelle en pou- vait etre la source. Se conformant a mes ca- prices, il m'aidait a inventer des occasions de faire parade de mes tresors et de les prodiguer. Quant a l'inconnu, il savait seulement que je croyais ne pouvoir attendre que de lui la fin de mon opprobre. Il me voyait en meme temps redouter cet etre enigmatique, en qui je mettais ma derniere esperance, et persuade de l'inutilite de toute perquisition, me resigner a attendre le jour que lui-meme m'avait fixe pour une entrevue.
La magnificence de ma fete et la maniere dont j'avais represente, confirmerent d'abord les habitans de la ville dans leur prevention. Ce- pendant, les gazettes ayant dementi le bruit du pretendu voyage de S. M. Prussienne, les conjectures se tournerent d'un autre cete. Il fallait absolument que je fusse roi, et l'une des
«vellement attachés à mon service; ils ont tous «contribué à ma joie, il est juste qu’ils y trou- «vent leur profit.»
Il n’en fut plus question. Rascal resta le premier de mes domestiques, car Bendel était mon confident et mon ami. Celui-ci s’était ac- coutumé à regarder mes richesses comme iné- puisables, sans jamais s’enquérir quelle en pou- vait être la source. Se conformant à mes ca- prices, il m’aidait à inventer des occasions de faire parade de mes trésors et de les prodiguer. Quant à l’inconnu, il savait seulement que je croyais ne pouvoir attendre que de lui la fin de mon opprobre. Il me voyait en même temps redouter cet être énigmatique, en qui je mettais ma dernière espérance, et persuadé de l’inutilité de toute perquisition, me résigner à attendre le jour que lui-même m’avait fixé pour une entrevue.
La magnificence de ma fête et la manière dont j’avais représenté, confirmèrent d’abord les habitans de la ville dans leur prévention. Ce- pendant, les gazettes ayant démenti le bruit du prétendu voyage de S. M. Prussienne, les conjectures se tournèrent d’un autre cêté. Il fallait absolument que je fusse roi, et l’une des
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«vellement attachés à mon service; ils ont tous
«contribué à ma joie, il est juste qu’ils y trou-
«vent leur profit.»
Il n’en fut plus question. Rascal resta le
premier de mes domestiques, car Bendel était
mon confident et mon ami. Celui-ci s’était ac-
coutumé à regarder mes richesses comme iné-
puisables, sans jamais s’enquérir quelle en pou-
vait être la source. Se conformant à mes ca-
prices, il m’aidait à inventer des occasions de
faire parade de mes trésors et de les prodiguer.
Quant à l’inconnu, il savait seulement que je
croyais ne pouvoir attendre que de lui la fin de
mon opprobre. Il me voyait en même temps
redouter cet être énigmatique, en qui je mettais
ma dernière espérance, et persuadé de l’inutilité
de toute perquisition, me résigner à attendre le jour
que lui-même m’avait fixé pour une entrevue.
La magnificence de ma fête et la manière
dont j’avais représenté, confirmèrent d’abord les
habitans de la ville dans leur prévention. Ce-
pendant, les gazettes ayant démenti le bruit
du prétendu voyage de S. M. Prussienne, les
conjectures se tournèrent d’un autre cêté. Il
fallait absolument que je fusse roi, et l’une des
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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 42. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/62>, abgerufen am 26.06.2024.
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