Anmelden (DTAQ) DWDS     dlexDB     CLARIN-D

Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

Bild:
<< vorherige Seite

etait incommode d'etre oblige de l'oter chaque
fois que je voulais racourcir le pas, ou exami-
ner a loisir quelqu'objet voisin. Des pantoufles
que je mettais par-dessus mes bottes, produisi-
rent exactement l'effet que je m'en etais pro-
mis, et je m'accoutumai plus tard a en avoir
toujours deux paires sur moi, parce qu'il m'ar-
rivait souvent d'en jeter une, sans avoir le temps
de la ramasser, quand des lions, des hommes
ou des ours m'interrompaient dans mes travaux,
et me forcaient a fuir. Ma montre, qui etait
excellente, pouvait dans mes courses rapides,
me servir de chronometre. J'avais encore be-
soin d'un sextant, de quelques instrumens de
physique, et de quelques livres.

Je fis pour acquerir tout cela quelques cour-
ses dangereuses a Paris et a Londres, un ciel
couvert me favorisa. Quand le reste de mon or
fut epuise, j'apportai en paiement des dents
d'elephant, que j'allai chercher dans les deserts
de l'Afrique, choisissant celles dont le poids
n'excedait pas mes forces. Je fus bientot pour-
vu de tout ce qu'il me fallait, et je commencai
mon nouveau genre de vie.

Je parcourais incessamment la terre en mesu-

était incommode d’être obligé de l’ôter chaque
fois que je voulais racourcir le pas, ou exami-
ner à loisir quelqu’objet voisin. Des pantoufles
que je mettais par-dessus mes bottes, produisi-
rent exactement l’effet que je m’en étais pro-
mis, et je m’accoutumai plus tard à en avoir
toujours deux paires sur moi, parce qu’il m’ar-
rivait souvent d’en jeter une, sans avoir le temps
de la ramasser, quand des lions, des hommes
ou des ours m’interrompaient dans mes travaux,
et me forçaient à fuir. Ma montre, qui était
excellente, pouvait dans mes courses rapides,
me servir de chronomètre. J’avais encore be-
soin d’un sextant, de quelques instrumens de
physique, et de quelques livres.

Je fis pour acquérir tout cela quelques cour-
ses dangereuses à Paris et à Londres, un ciel
couvert me favorisa. Quand le reste de mon or
fut épuisé, j’apportai en paiement des dents
d’éléphant, que j’allai chercher dans les déserts
de l’Afrique, choisissant celles dont le poids
n’excédait pas mes forces. Je fus bientôt pour-
vu de tout ce qu’il me fallait, et je commençai
mon nouveau genre de vie.

Je parcourais incessamment la terre en mesu-

<TEI>
  <text>
    <body>
      <div n="1">
        <p><pb facs="#f0140" n="110"/>
était incommode d&#x2019;être obligé de l&#x2019;ôter chaque<lb/>
fois que je voulais racourcir le pas, ou exami-<lb/>
ner à loisir quelqu&#x2019;objet voisin. Des pantoufles<lb/>
que je mettais par-dessus mes bottes, produisi-<lb/>
rent exactement l&#x2019;effet que je m&#x2019;en étais pro-<lb/>
mis, et je m&#x2019;accoutumai plus tard à en avoir<lb/>
toujours deux paires sur moi, parce qu&#x2019;il m&#x2019;ar-<lb/>
rivait souvent d&#x2019;en jeter une, sans avoir le temps<lb/>
de la ramasser, quand des lions, des hommes<lb/>
ou des ours m&#x2019;interrompaient dans mes travaux,<lb/>
et me forçaient à fuir. Ma montre, qui était<lb/>
excellente, pouvait dans mes courses rapides,<lb/>
me servir de chronomètre. J&#x2019;avais encore be-<lb/>
soin d&#x2019;un sextant, de quelques instrumens de<lb/>
physique, et de quelques livres.</p><lb/>
        <p>Je fis pour acquérir tout cela quelques cour-<lb/>
ses dangereuses à Paris et à Londres, un ciel<lb/>
couvert me favorisa. Quand le reste de mon or<lb/>
fut épuisé, j&#x2019;apportai en paiement des dents<lb/>
d&#x2019;éléphant, que j&#x2019;allai chercher dans les déserts<lb/>
de l&#x2019;Afrique, choisissant celles dont le poids<lb/>
n&#x2019;excédait pas mes forces. Je fus bientôt pour-<lb/>
vu de tout ce qu&#x2019;il me fallait, et je commençai<lb/>
mon nouveau genre de vie.</p><lb/>
        <p>Je parcourais incessamment la terre en mesu-<lb/></p>
      </div>
    </body>
  </text>
</TEI>
[110/0140] était incommode d’être obligé de l’ôter chaque fois que je voulais racourcir le pas, ou exami- ner à loisir quelqu’objet voisin. Des pantoufles que je mettais par-dessus mes bottes, produisi- rent exactement l’effet que je m’en étais pro- mis, et je m’accoutumai plus tard à en avoir toujours deux paires sur moi, parce qu’il m’ar- rivait souvent d’en jeter une, sans avoir le temps de la ramasser, quand des lions, des hommes ou des ours m’interrompaient dans mes travaux, et me forçaient à fuir. Ma montre, qui était excellente, pouvait dans mes courses rapides, me servir de chronomètre. J’avais encore be- soin d’un sextant, de quelques instrumens de physique, et de quelques livres. Je fis pour acquérir tout cela quelques cour- ses dangereuses à Paris et à Londres, un ciel couvert me favorisa. Quand le reste de mon or fut épuisé, j’apportai en paiement des dents d’éléphant, que j’allai chercher dans les déserts de l’Afrique, choisissant celles dont le poids n’excédait pas mes forces. Je fus bientôt pour- vu de tout ce qu’il me fallait, et je commençai mon nouveau genre de vie. Je parcourais incessamment la terre en mesu-

Suche im Werk

Hilfe

Informationen zum Werk

Download dieses Werks

XML (TEI P5) · HTML · Text
TCF (text annotation layer)
TCF (tokenisiert, serialisiert, lemmatisiert, normalisiert)
XML (TEI P5 inkl. att.linguistic)

Metadaten zum Werk

TEI-Header · CMDI · Dublin Core

Ansichten dieser Seite

Voyant Tools ?

Language Resource Switchboard?

Feedback

Sie haben einen Fehler gefunden? Dann können Sie diesen über unsere Qualitätssicherungsplattform DTAQ melden.

Kommentar zur DTA-Ausgabe

Dieses Werk wurde im Rahmen des Moduls DTA-Erweiterungen (DTAE) digitalisiert. Weitere Informationen …




Ansicht auf Standard zurückstellen

URL zu diesem Werk: https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786
URL zu dieser Seite: https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/140
Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 110. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/140>, abgerufen am 03.05.2024.