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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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dais encore, et je resolus de suivre a pied le
sentier, qui, a travers de vastes forets, ser-
pentait sur les flancs de la montagne. Je m'a-
bandonnai a mon destin, sans regarder en ar-
riere, et je n'eus pas meme la pensee de m'a-
dresser a Bendel, que j'avais laisse riche, et
sur lequel j'aurais pu compter dans ma detresse.

Je me considerai sous le rapport du nou-
veau role que j'allais avoir a jouer. Mon habil-
lement etait tres-modeste; j'etais vetu d'une vieille
kourtke noire, que j'avais portee jadis a Berlin,
et qui, je ne sais comment m'etait tombee sous
ma main le jour ou j'avais quitte les bains.
J'avais un bonnet de voyage sur la tete; et une
paire de vieilles bottes a mes pieds. Je me
levai, coupai un baton d'epine a la place meme
ou j'etais, en memoire de ce qui s'y etait passe,
et je me mis sur-le-champ en route.

Je rencontrai dans la foret un vieux paysan,
qui me salua cordialement; je liai conversation
avec lui. Je m'informai, comme le fait un voya-
geur curieux et a pied, d'abord, du chemin,
ensuite de la contree et de ses habitans; enfin
de diverses productions de ces montagnes. Il
repondit a toutes mes questions en bon villa-

dais encore, et je résolus de suivre à pied le
sentier, qui, à travers de vastes forêts, ser-
pentait sur les flancs de la montagne. Je m’a-
bandonnai à mon destin, sans regarder en ar-
rière, et je n’eus pas même la pensée de m’a-
dresser à Bendel, que j’avais laissé riche, et
sur lequel j’aurais pu compter dans ma détresse.

Je me considérai sous le rapport du nou-
veau rôle que j’allais avoir à jouer. Mon habil-
lement était très-modeste; j’étais vêtu d’une vieille
kourtke noire, que j’avais portée jadis à Berlin,
et qui, je ne sais comment m’était tombée sous
ma main le jour où j’avais quitté les bains.
J’avais un bonnet de voyage sur la tête; et une
paire de vieilles bottes à mes pieds. Je me
levai, coupai un bâton d’épine à la place même
où j’étais, en mémoire de ce qui s’y était passé,
et je me mis sur-le-champ en route.

Je rencontrai dans la forêt un vieux paysan,
qui me salua cordialement; je liai conversation
avec lui. Je m’informai, comme le fait un voya-
geur curieux et à pied, d’abord, du chemin,
ensuite de la contrée et de ses habitans; enfin
de diverses productions de ces montagnes. Il
répondit à toutes mes questions en bon villa-

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[100/0128] dais encore, et je résolus de suivre à pied le sentier, qui, à travers de vastes forêts, ser- pentait sur les flancs de la montagne. Je m’a- bandonnai à mon destin, sans regarder en ar- rière, et je n’eus pas même la pensée de m’a- dresser à Bendel, que j’avais laissé riche, et sur lequel j’aurais pu compter dans ma détresse. Je me considérai sous le rapport du nou- veau rôle que j’allais avoir à jouer. Mon habil- lement était très-modeste; j’étais vêtu d’une vieille kourtke noire, que j’avais portée jadis à Berlin, et qui, je ne sais comment m’était tombée sous ma main le jour où j’avais quitté les bains. J’avais un bonnet de voyage sur la tête; et une paire de vieilles bottes à mes pieds. Je me levai, coupai un bâton d’épine à la place même où j’étais, en mémoire de ce qui s’y était passé, et je me mis sur-le-champ en route. Je rencontrai dans la forêt un vieux paysan, qui me salua cordialement; je liai conversation avec lui. Je m’informai, comme le fait un voya- geur curieux et à pied, d’abord, du chemin, ensuite de la contrée et de ses habitans; enfin de diverses productions de ces montagnes. Il répondit à toutes mes questions en bon villa-

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 100. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/128>, abgerufen am 27.11.2024.