Par ces deux rapports necessaires, Nos Sentimens ont fait nos Craintes, nos Desirs, Les choses, qu'a son Corps l'Ame trouvoit contraires, Ou qu'elle trouvoit salutaires, Meme des le Sein de nos Meres, Firent obscurement des douleurs, des plaisirs. Memes impressions, d'abord peu demelees, Par le cours des Esprits se sont renouvellees; Le Coeur, qui s'en laisse saisir, Se serre a la douleur, se dilate au plaisir. Notre Ame unie au Corps par cet Organe instruite, Sur ce, qui le regarde a le droit de choisir, Elle en a le Regime, elle en a la Conduite, Ressent la Crainte, ou forme le Desir, Portee a la recherche, & portee a la fuite. Nos premieres Sensations, Dans la suite ont cause toutes les passions, Dont l'habitude a la fin nous entraeine, L'Amour des Voluptez, & l'horreur de la peine, Ces Penchans, ces Aversions, Redoublant leurs impressions, Deviennent dans l'Esprit, & l' Amour, & la haine. C' est la Condition humaine.
Ils
De l’Union et Diſt. de l’Ame et du Corpſ.
Par ces deux rapports neceſſaires, Nos Sentimens ont fait nos Craintes, nos Deſirs, Les choſes, qu’à ſon Corps l’Ame trouvoit contraires, Où qu’elle trouvoit ſalutaires, Même dès le Sein de nos Meres, Firent obſcurément des douleurs, des plaiſirs. Mêmes impresſions, d’abord peu démêlées, Par le cours des Eſprits ſe ſont renouvellées; Le Coeur, qui s’en laiſſe ſaiſir, Se ſerre a la douleur, ſe dilate au plaiſir. Notre Ame unie au Corps par cet Organe inſtruite, Sur ce, qui le regarde a le droit de choiſir, Elle en a le Régime, elle en a la Conduite, Reſſent la Crainte, ou forme le Deſir, Portée à la recherche, & portée à la fuite. Nos premieres Senſations, Dans la ſuite ont cauſé toutes les pasſions, Dont l’habitude à la fin nous entraîne, L’Amour des Voluptez, & l’horreur de la peine, Ces Penchans, ces Averſions, Redoublant leurs impreſſions, Deviennent dans l’Eſprit, & l’ Amour, & la haine. C’ eſt la Condition humaine.
Ils
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De l’Union et Diſt. de l’Ame et du Corpſ.
Par ces deux rapports neceſſaires,
Nos Sentimens ont fait nos Craintes, nos Deſirs,
Les choſes, qu’à ſon Corps l’Ame trouvoit contraires,
Où qu’elle trouvoit ſalutaires,
Même dès le Sein de nos Meres,
Firent obſcurément des douleurs, des plaiſirs.
Mêmes impresſions, d’abord peu démêlées,
Par le cours des Eſprits ſe ſont renouvellées;
Le Coeur, qui s’en laiſſe ſaiſir,
Se ſerre a la douleur, ſe dilate au plaiſir.
Notre Ame unie au Corps par cet Organe inſtruite,
Sur ce, qui le regarde a le droit de choiſir,
Elle en a le Régime, elle en a la Conduite,
Reſſent la Crainte, ou forme le Deſir,
Portée à la recherche, & portée à la fuite.
Nos premieres Senſations,
Dans la ſuite ont cauſé toutes les pasſions,
Dont l’habitude à la fin nous entraîne,
L’Amour des Voluptez, & l’horreur de la peine,
Ces Penchans, ces Averſions,
Redoublant leurs impreſſions,
Deviennent dans l’Eſprit, & l’ Amour, & la haine.
C’ eſt la Condition humaine.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 562. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/592>, abgerufen am 23.11.2024.
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