Mais elle en a le Sentiment, Et rapporte aux endroits, ou l' Action commence, Les Coups, qui par les Nerfs passent soudainement Au Cerveau, qui recoit leur vif ebranlement. Qu'on nous frape a la Jambe, aussi-tot la pensee, Par cet Ordre etabli pour conserver nos Jours, Juge, que la Jambe est blessee, Et que c' est-la, qu'il faut donner secours.
Que la Nature en nous soit ainsi disposee, Et qu' aux Membres frapez l' Esprit doive imputer, Le Mal, qu' au Cerveau seul les Nerfs vont exciter, Nous en avons la preuve aisee. Au sortir des sanglans Combats, Ou l' impitoyable Bellone, Sous les coups furieux de sa foudre, qui tonne, Emporte les Jambes, les Bras, Quand un noble Guerrier, qui sait braver les Parques, Revient avec les tristes marques, De son intrepide Valeur, Que les soins d' Esculape ont derobe sa vie, Aux Coups, qui l' ont presque ravie, Il sent tout etonne renaeitre sa douleur; Des Nerfs du Bras coupe, de la Jambe coupee, Dans le Cerveau les restes mutilez, Comme les Nerfs entiers s' y trouvent ebranlez; De douloureux elans son Ame encor frapee, Raporte ce, qu' il souffre aux lieux, qui ne sont plus, Aux Mains, aux Pieds, qu' il a perdus.
Re-
Du Siege deſ Senſationſ.
Mais elle en a le Sentiment, Et rapporte aux endroits, où l’ Action commence, Les Coups, qui par les Nerfs paſſent ſoudainement Au Cerveau, qui reçoit leur vif ébranlement. Qu’on nous frape à la Jambe, auſſi-tôt la penſée, Par cet Ordre établi pour conſerver nos Jours, Juge, que la Jambe eſt bleſſée, Et que c’ eſt-là, qu’il faut donner ſecours.
Que la Nature en nous ſoit ainſi diſpoſée, Et qu’ aux Membres frapez l’ Eſprit doive imputer, Le Mal, qu’ au Cerveau ſeul les Nerfs vont exciter, Nous en avons la preuve aiſée. Au ſortir des ſanglans Combats, Où l’ impitoyable Bellone, Sous les coups furieux de ſa foudre, qui tonne, Emporte les Jambes, les Bras, Quand un noble Guerrier, qui ſait braver les Parques, Revient avec les triſtes marques, De ſon intrepide Valeur, Que les ſoins d’ Eſculape ont dérobé ſa vie, Aux Coups, qui l’ ont preſque ravie, Il ſent tout étonné renaître ſa douleur; Des Nerfs du Bras coupé, de la Jambe coupée, Dans le Cerveau les reſtes mutilez, Comme les Nerfs entiers s’ y trouvent ébranlez; De douloureux élans ſon Ame encor frapée, Raporte ce, qu’ il ſouffre aux lieux, qui ne ſont plus, Aux Mains, aux Pieds, qu’ il a perdus.
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Du Siege deſ Senſationſ.
Mais elle en a le Sentiment,
Et rapporte aux endroits, où l’ Action commence,
Les Coups, qui par les Nerfs paſſent ſoudainement
Au Cerveau, qui reçoit leur vif ébranlement.
Qu’on nous frape à la Jambe, auſſi-tôt la penſée,
Par cet Ordre établi pour conſerver nos Jours,
Juge, que la Jambe eſt bleſſée,
Et que c’ eſt-là, qu’il faut donner ſecours.
Que la Nature en nous ſoit ainſi diſpoſée,
Et qu’ aux Membres frapez l’ Eſprit doive imputer,
Le Mal, qu’ au Cerveau ſeul les Nerfs vont exciter,
Nous en avons la preuve aiſée.
Au ſortir des ſanglans Combats,
Où l’ impitoyable Bellone,
Sous les coups furieux de ſa foudre, qui tonne,
Emporte les Jambes, les Bras,
Quand un noble Guerrier, qui ſait braver les Parques,
Revient avec les triſtes marques,
De ſon intrepide Valeur,
Que les ſoins d’ Eſculape ont dérobé ſa vie,
Aux Coups, qui l’ ont preſque ravie,
Il ſent tout étonné renaître ſa douleur;
Des Nerfs du Bras coupé, de la Jambe coupée,
Dans le Cerveau les reſtes mutilez,
Comme les Nerfs entiers s’ y trouvent ébranlez;
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Raporte ce, qu’ il ſouffre aux lieux, qui ne ſont plus,
Aux Mains, aux Pieds, qu’ il a perdus.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 522. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/552>, abgerufen am 16.07.2024.
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