Les couleurs ont ainsi leur opposition, De meme que leur Union; Elles se nuisent, & se chassent, Elles s'affoiblissent, s'effacent.
Sur tout dans les Objets de loin considerez, Les plus foibles Couleurs le cedent aux plus fortes. Lorsqu' en eloignement nous regardons ces Prez, Qui de Fleurs de diverses sortes, Sont si richement diaprez, Si le Rouge, ou le Jaune avec le Blanc s'allie. Le Rouge, & le Jaune se perd; Et la Plaine a nos Yeux paroeit toute embellie, De Fleurs d'argent sur un fond vert.
Nous trouverons encor des preuves convaincantes, De ce, que sont en eux les Objets colorez; Des Hommes, qui du Jour n'etoient point eclairez, Ont juge des Couleurs, plus ou moins eclatantes. Des Aveugles, dit-on, touchant, au lieu de voir, Ont distingue le Blanc d' avec le Noir, Par les Surfaces differentes. L'accoutumance, ou la necessite, Qui sait nous rendre tout facile, Reparant de leurs yeux la triste obscurite, Avoit mis dans leur doigts une addresse subtile; Et des nerfs de leurs mains le Tact industrieux Avoit le meme effet, que les nerfs de nos Yeux.
Du
Deſ Couleurſ.
Les couleurs ont ainſi leur oppoſition, De même que leur Union; Elles ſe nuiſent, & ſe chaſſent, Elles s’affoibliſſent, s’effacent.
Sur tout dans les Objets de loin conſiderez, Les plus foibles Couleurs le cédent aux plus fortes. Lorsqu’ en éloignement nous regardons ces Prez, Qui de Fleurs de diverſes ſortes, Sont ſi richement diaprez, Si le Rouge, ou le Jaune avec le Blanc s’allie. Le Rouge, & le Jaune ſe perd; Et la Plaine à nos Yeux paroît toute embellie, De Fleurs d’argent ſur un fond vert.
Nous trouverons encor des preuves convaincantes, De ce, que ſont en eux les Objets colorez; Des Hommes, qui du Jour n’etoient point éclairez, Ont jugé des Couleurs, plus ou moins éclatantes. Des Aveugles, dit-on, touchant, au lieu de voir, Ont diſtingué le Blanc d’ avec le Noir, Par les Surfaces differentes. L’accoutumance, ou la neceſſité, Qui ſait nous rendre tout facilé, Reparant de leurs yeux la triſte obſcurité, Avoit mis dans leur doigts une addreſſe ſubtilé; Et des nerfs de leurs mains le Tact induſtrieux Avoit le même effet, que les nerfs de nos Yeux.
Du
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Deſ Couleurſ.
Les couleurs ont ainſi leur oppoſition,
De même que leur Union;
Elles ſe nuiſent, & ſe chaſſent,
Elles s’affoibliſſent, s’effacent.
Sur tout dans les Objets de loin conſiderez,
Les plus foibles Couleurs le cédent aux plus fortes.
Lorsqu’ en éloignement nous regardons ces Prez,
Qui de Fleurs de diverſes ſortes,
Sont ſi richement diaprez,
Si le Rouge, ou le Jaune avec le Blanc s’allie.
Le Rouge, & le Jaune ſe perd;
Et la Plaine à nos Yeux paroît toute embellie,
De Fleurs d’argent ſur un fond vert.
Nous trouverons encor des preuves convaincantes,
De ce, que ſont en eux les Objets colorez;
Des Hommes, qui du Jour n’etoient point éclairez,
Ont jugé des Couleurs, plus ou moins éclatantes.
Des Aveugles, dit-on, touchant, au lieu de voir,
Ont diſtingué le Blanc d’ avec le Noir,
Par les Surfaces differentes.
L’accoutumance, ou la neceſſité,
Qui ſait nous rendre tout facilé,
Reparant de leurs yeux la triſte obſcurité,
Avoit mis dans leur doigts une addreſſe ſubtilé;
Et des nerfs de leurs mains le Tact induſtrieux
Avoit le même effet, que les nerfs de nos Yeux.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 398. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/428>, abgerufen am 26.11.2024.
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