Considerons un fruit, qui sortant de sa tige, N'est, qu'un terrestre Suc, qui s'amasse, & se fige. De l'Ecorce de l'Arbre il a la durete, On ne peut en tirer aucune humidite. Au bout de quelque temps il croeit, & se colore, Les petits corps l'un sur l'autre engagez, Sont plus souples, & mieux rangez; Mais ne le mangez point encore; Il vous blesse la Langue avec son aprete. Tout ce, qu'il a de Suc humide Est trop piquant, & trop acide. Attendez sa maturite; Alors cueillez-en les premices, Vous y trouvez mille delices. Mais si l'on ne le cueille il, est bien-tot gate; Il se pourrit, se detruit, se consume, Et n'est plus, que Degoaut, que Fadeur, qu'Amertume.
Pour le rang des Saveurs, s'il faut, que sur nos Goauts Un juste sentiment decide, N'opposons point l'Amer & Doux
Mais
Deſ Saveurſ.
Conſiderons un fruit, qui ſortant de ſa tige, N’eſt, qu’un terreſtre Suc, qui s’amaſſe, & ſe fige. De l’Ecorce de l’Arbre il a la dureté, On ne peut en tirer aucune humidité. Au bout de quelque temps il croît, & ſe colore, Les petits corps l’un ſur l’autre engagez, Sont plus ſouples, & mieux rangez; Mais ne le mangez point encore; Il vous bleſſe la Langue avec ſon âprete. Tout ce, qu’il a de Suc humide Eſt trop piquant, & trop acide. Attendez ſa maturité; Alors cueillez-en les prémices, Vous y trouvez mille délices. Mais ſi l’on ne le cueille il, eſt bien-tôt gâté; Il ſe pourrit, ſe détruit, ſe conſume, Et n’eſt plus, que Dégoût, que Fadeur, qu’Amertume.
Pour le rang des Saveurs, s’il faut, que ſur nos Goûts Un juſte ſentiment décide, N’oppoſons point l’Amer & Doux
Mais
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Deſ Saveurſ.
Conſiderons un fruit, qui ſortant de ſa tige,
N’eſt, qu’un terreſtre Suc, qui s’amaſſe, & ſe fige.
De l’Ecorce de l’Arbre il a la dureté,
On ne peut en tirer aucune humidité.
Au bout de quelque temps il croît, & ſe colore,
Les petits corps l’un ſur l’autre engagez,
Sont plus ſouples, & mieux rangez;
Mais ne le mangez point encore;
Il vous bleſſe la Langue avec ſon âprete.
Tout ce, qu’il a de Suc humide
Eſt trop piquant, & trop acide.
Attendez ſa maturité;
Alors cueillez-en les prémices,
Vous y trouvez mille délices.
Mais ſi l’on ne le cueille il, eſt bien-tôt gâté;
Il ſe pourrit, ſe détruit, ſe conſume,
Et n’eſt plus, que Dégoût, que Fadeur, qu’Amertume.
Pour le rang des Saveurs, s’il faut, que ſur nos Goûts
Un juſte ſentiment décide,
N’oppoſons point l’Amer & Doux
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 336. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/366>, abgerufen am 24.11.2024.
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