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Adler, Emma: Die berühmten Frauen der französischen Revolution 1789–1795. Wien, 1906.

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charette du courrier, jusqu'a Paliseul, ou je pris un cheval pour venir jusqu'aupres de Saint-Hubert. J'entrai dans une auberge ou il y avait un officier et un marchand, duquel j'ai achete quelques mouchoirs pour les porter a mes camerades de Marcour. L'officier qui comprit d'abord a mes discours que je venais de France, me parla de la Revolution francaise, non comme un patriote, mais moi qui sortais de Paris, qui etais pleine des principes et de l'enthousiasme que le patriotisme general m'y avait inspiree, je parlais avec beaucoup de chaleur contre le despotisme. Je vous prie de vous souvenir que je dois etre fidele a mon engagement de dire la verite. On parla des patriotes brabancons, je dis que leur cause etait juste, que Joseph II. leur avait prit tous leurs privileges et leur droits, qu'il avait voulu les changer contre la Baviare, qu'il avait dit, qu'il aimait mieux des villes incendiees que de villes revoltees et que c'etait tyrannique. En parlant ainsi a un officier imperiale je m'exposais sans doute a quelque avanie, mais cela prouve en meme temps mon inconsideration qu'on appelera avec raison une etourderie patriotique, que je suis bien eloignee de vouloir justifier.

Je repris un autre cheval pour aller jusqu'a Marcour, je ne m'arretais nul part qu'a une ferme que je trouvais seul au milieu des forets, ou j'allais manger du lait, la situation solitaire m'enchanta d'abord, il me vint a l'esprit de ne point aller plus loin ou d'y revenir quand j'aurais ete voir mes parents, je demandai si on ne pouvait me louer une chambre et me prendre en pension, on me dit que non, que cette ferme appartenait aux moines de Saint-Hubert, je m'en allais donc a Marcour. Je ne puis vous exprimer le plaisir que j'eprouvais en y arrivant, a revoir mon village, la maison ou j'ai ete nee, mon oncle, enfin mes enciennes camerades. J'oubliais pour ainsi dire la Revolution francaise. J'allais tous les soirs a la veillee ou nous jouions avec mes camerades tous les jeux de mon enfance. Les dimanches nous allions danser et jouer aux barres, a

charette du courrier, jusqu’à Paliseul, où je pris un cheval pour venir jusqu’auprès de Saint-Hubert. J’entrai dans une auberge où il y avait un officier et un marchand, duquel j’ai acheté quelques mouchoirs pour les porter à mes camerades de Marcour. L’officier qui comprit d’abord à mes discours que je venais de France, me parla de la Révolution française, non comme un patriote, mais moi qui sortais de Paris, qui étais pleine des principes et de l’enthousiasme que le patriotisme général m’y avait inspirée, je parlais avec beaucoup de chaleur contre le despotisme. Je vous prie de vous souvenir que je dois être fidèle à mon engagement de dire la verité. On parla des patriotes brabançons, je dis que leur cause était juste, que Joseph II. leur avait prit tous leurs priviléges et leur droits, qu’il avait voulu les changer contre la Baviàre, qu’il avait dit, qu’il aimait mieux des villes incendiées que de villes revoltées et que c’était tyrannique. En parlant ainsi à un officier impériale je m’exposais sans doute à quelque avanie, mais cela prouve en même temps mon inconsidération qu’on appelera avec raison une etourderie patriotique, que je suis bien éloignée de vouloir justifier.

Je repris un autre cheval pour aller jusqu’à Marcour, je ne m’arrêtais nul part qu’à une ferme que je trouvais seul au milieu des forêts, où j'allais manger du lait, la situation solitaire m’enchanta d’abord, il me vint à l’esprit de ne point aller plus loin ou d’y revenir quand j’aurais été voir mes parents, je demandai si on ne pouvait me louer une chambre et me prendre en pension, on me dit que non, que cette ferme appartenait aux moines de Saint-Hubert, je m’en allais donc à Marcour. Je ne puis vous exprimer le plaisir que j’éprouvais en y arrivant, à revoir mon village, la maison ou j’ai été née, mon oncle, enfin mes enciennes camerades. J’oubliais pour ainsi dire la Révolution française. J’allais tous les soirs à la veillée ou nous jouions avec mes camerades tous les jeux de mon enfance. Les dimanches nous allions danser et jouer aux barres, à

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[263/0287] charette du courrier, jusqu’à Paliseul, où je pris un cheval pour venir jusqu’auprès de Saint-Hubert. J’entrai dans une auberge où il y avait un officier et un marchand, duquel j’ai acheté quelques mouchoirs pour les porter à mes camerades de Marcour. L’officier qui comprit d’abord à mes discours que je venais de France, me parla de la Révolution française, non comme un patriote, mais moi qui sortais de Paris, qui étais pleine des principes et de l’enthousiasme que le patriotisme général m’y avait inspirée, je parlais avec beaucoup de chaleur contre le despotisme. Je vous prie de vous souvenir que je dois être fidèle à mon engagement de dire la verité. On parla des patriotes brabançons, je dis que leur cause était juste, que Joseph II. leur avait prit tous leurs priviléges et leur droits, qu’il avait voulu les changer contre la Baviàre, qu’il avait dit, qu’il aimait mieux des villes incendiées que de villes revoltées et que c’était tyrannique. En parlant ainsi à un officier impériale je m’exposais sans doute à quelque avanie, mais cela prouve en même temps mon inconsidération qu’on appelera avec raison une etourderie patriotique, que je suis bien éloignée de vouloir justifier. Je repris un autre cheval pour aller jusqu’à Marcour, je ne m’arrêtais nul part qu’à une ferme que je trouvais seul au milieu des forêts, où j'allais manger du lait, la situation solitaire m’enchanta d’abord, il me vint à l’esprit de ne point aller plus loin ou d’y revenir quand j’aurais été voir mes parents, je demandai si on ne pouvait me louer une chambre et me prendre en pension, on me dit que non, que cette ferme appartenait aux moines de Saint-Hubert, je m’en allais donc à Marcour. Je ne puis vous exprimer le plaisir que j’éprouvais en y arrivant, à revoir mon village, la maison ou j’ai été née, mon oncle, enfin mes enciennes camerades. J’oubliais pour ainsi dire la Révolution française. J’allais tous les soirs à la veillée ou nous jouions avec mes camerades tous les jeux de mon enfance. Les dimanches nous allions danser et jouer aux barres, à

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Zitationshilfe: Adler, Emma: Die berühmten Frauen der französischen Revolution 1789–1795. Wien, 1906, S. 263. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/adler_frauen_1906/287>, abgerufen am 10.05.2024.