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Adler, Emma: Die berühmten Frauen der französischen Revolution 1789–1795. Wien, 1906.

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trois ou quatre malheureux qui pleuraient, je leur demandais ce qu'ils avaient, il me repondirent qu'il y avait trois jours qu'ils n'avaient manges une bouchee de pain, je les conduisit jusqu'a ma porte, et j'allais chercher un pain que je leur partageais.

Je ne sortis plus de chez moi ce jour la; ce fut le matin qu'on convoquat l'Assemblee-Nationale la nuit, mais je n'y allais point, je ne sorti de chez moi que le lendemain matin vers lex six heures, ou six heures et demi. La salle de l'Assemblee-Nationale n'etait point encore ouverte, la milice nationale etait devant le chateau, il y avait un monde infini. J'entrais dans quelques groupes, pour entendre ce qu'on disait, on parlait des aristocrates, et non en bien. Je m'avencai jusqu' dans les rangs de la milice nationale, pour voir le peuple qui etait aux prises avec les garde-du-corps, mais je ne pus rien voir, on ouvrit la salle, j'allai a ma place ordinaire dans la tribune numereau six, il n' y avait encore personne d'arrive que quelques deputes du parti aristocratique, qui firent la motion que l'Assemblee Nationale devait se transporter dans le salon d'Hercule. Il me paru a moi et au peuple qui etait dans la meme tribune, que si l'Assemblee-Nationale se deplacait, elle blesserait la dignite et violerait les decrets, parce que ses deliberations n'avaient pu etre publiques, a cause du local, qu'il etait donc plus convenable qu'elle envoyat une nombreuse deputation au roi. Nous feimes des reclamations et quand l'Assemblee fut plus nombreuse, plusieurs deputes firent la meme motion qui fit en fin decretee. Je suivis l'Assemblee-Nationale a Paris, je vins demeurer rue du Bouloir a l'hotel de Grenoble. Je continuais toujours a aller a l'Assemblee Nationale, matin et soir. A force de me voir, tout le monde me connaissait, le peuple et les deputes prirent de l'estime pour moi, tant a cause de mon patriotisme que ma conduite privee.

Je parlai volontiers a ceux de la tribune, qui applaudissaient les memes choses que moi, du reste je ne les connaissais point, je ne savais pas meme leurs noms, car

trois ou quatre malheureux qui pleuraient, je leur demandais ce qu’ils avaient, il me repondirent qu’il y avait trois jours qu’ils n’avaient mangés une bouchée de pain, je les conduisit jusqu’à ma porte, et j’allais chercher un pain que je leur partageais.

Je ne sortis plus de chez moi ce jour là; ce fut le matin qu’on convoquât l’Assemblée-Nationale la nuit, mais je n’y allais point, je ne sorti de chez moi que le lendemain matin vers lex six heures, ou six heures et demi. La salle de l’Assemblée-Nationale n’était point encore ouverte, la milice nationale était devant le château, il y avait un monde infini. J’entrais dans quelques groupes, pour entendre ce qu’on disait, on parlait des aristocrates, et non en bien. Je m’avençai jusqu’ dans les rangs de la milice nationale, pour voir le peuple qui était aux prises avec les garde-du-corps, mais je ne pus rien voir, on ouvrit la salle, j’allai à ma place ordinaire dans la tribune numereau six, il n’ y avait encore personne d’arrivé que quelques deputés du parti aristocratique, qui firent la motion que l’Assemblée Nationale devait se transporter dans le salon d’Hercule. Il me paru à moi et au peuple qui était dans la même tribune, que si l’Assemblée-Nationale se déplaçait, elle blesserait la dignité et violerait les decrets, parce que ses déliberations n’avaient pu être publiques, à cause du local, qu’il était donc plus convenable qu’elle envoyât une nombreuse députation au roi. Nous fîmes des reclamations et quand l’Assemblée fut plus nombreuse, plusieurs députés firent la même motion qui fit en fin decretée. Je suivis l’Assemblée-Nationale à Paris, je vins demeurer rue du Bouloir à l’hôtel de Grenoble. Je continuais toujours à aller à l’Assemblée Nationale, matin et soir. A force de me voir, tout le monde me connaissait, le peuple et les députés prirent de l’estime pour moi, tant à cause de mon patriotisme que ma conduite privée.

Je parlai volontiers à ceux de la tribune, qui applaudissaient les mêmes choses que moi, du reste je ne les connaissais point, je ne savais pas même leurs noms, car

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[256/0280] trois ou quatre malheureux qui pleuraient, je leur demandais ce qu’ils avaient, il me repondirent qu’il y avait trois jours qu’ils n’avaient mangés une bouchée de pain, je les conduisit jusqu’à ma porte, et j’allais chercher un pain que je leur partageais. Je ne sortis plus de chez moi ce jour là; ce fut le matin qu’on convoquât l’Assemblée-Nationale la nuit, mais je n’y allais point, je ne sorti de chez moi que le lendemain matin vers lex six heures, ou six heures et demi. La salle de l’Assemblée-Nationale n’était point encore ouverte, la milice nationale était devant le château, il y avait un monde infini. J’entrais dans quelques groupes, pour entendre ce qu’on disait, on parlait des aristocrates, et non en bien. Je m’avençai jusqu’ dans les rangs de la milice nationale, pour voir le peuple qui était aux prises avec les garde-du-corps, mais je ne pus rien voir, on ouvrit la salle, j’allai à ma place ordinaire dans la tribune numereau six, il n’ y avait encore personne d’arrivé que quelques deputés du parti aristocratique, qui firent la motion que l’Assemblée Nationale devait se transporter dans le salon d’Hercule. Il me paru à moi et au peuple qui était dans la même tribune, que si l’Assemblée-Nationale se déplaçait, elle blesserait la dignité et violerait les decrets, parce que ses déliberations n’avaient pu être publiques, à cause du local, qu’il était donc plus convenable qu’elle envoyât une nombreuse députation au roi. Nous fîmes des reclamations et quand l’Assemblée fut plus nombreuse, plusieurs députés firent la même motion qui fit en fin decretée. Je suivis l’Assemblée-Nationale à Paris, je vins demeurer rue du Bouloir à l’hôtel de Grenoble. Je continuais toujours à aller à l’Assemblée Nationale, matin et soir. A force de me voir, tout le monde me connaissait, le peuple et les députés prirent de l’estime pour moi, tant à cause de mon patriotisme que ma conduite privée. Je parlai volontiers à ceux de la tribune, qui applaudissaient les mêmes choses que moi, du reste je ne les connaissais point, je ne savais pas même leurs noms, car

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Zitationshilfe: Adler, Emma: Die berühmten Frauen der französischen Revolution 1789–1795. Wien, 1906, S. 256. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/adler_frauen_1906/280>, abgerufen am 10.05.2024.