rendez-moi mon nid d'oiseau, vous n'en avez plus besoin, et vous etes trop honnete homme pour vouloir injustement retenir le bien d'au- trui. D'ailleurs, sans remerciement, je vous proteste que c'est du meilleur de mon coeur que je vous l'ai prete." Il le reprit de mes mains sans que je m'y opposasse, le remit dans sa poche, et me regarda en partant d'un nouvel eclat de rire, qui meme fut si sonore, que le forestier se retourna au bruit. Je restai pe- trifie.
"Avouez, poursuivit-il, que ce bonnet est encore beaucoup plus commode que mon nid d'oiseau; il couvre du moins l'homme et son ombre, et toutes les ombres qu'il lui prend fan- taisie d'avoir. Voyez, j'en ai pris aujourd'hui deux a ma suite." Il se mit a rire. "Tenez- vous pour dit, Schlemihl, que l'on en vient a faire malgre soi ce qui l'on n'avait pas voulu faire de bon gre. Je suis toujours d'avis, et il en est encore temps, que vous repreniez votre ombre et votre pretendue. Pour Rascal, nous le ferons pendre; cela ne sera pas difficile tant qu'il y aura des cordes: tenez, je vous don- nerai mon bonnet par-dessus le marche."
rendez-moi mon nid d’oiseau, vous n’en avez plus besoin, et vous êtes trop honnête homme pour vouloir injustement retenir le bien d’au- trui. D’ailleurs, sans remerciement, je vous proteste que c’est du meilleur de mon coeur que je vous l’ai prêté.» Il le reprit de mes mains sans que je m’y opposasse, le remit dans sa poche, et me regarda en partant d’un nouvel éclat de rire, qui même fut si sonore, que le forestier se retourna au bruit. Je restai pé- trifié.
«Avouez, poursuivit-il, que ce bonnet est encore beaucoup plus commode que mon nid d’oiseau; il couvre du moins l’homme et son ombre, et toutes les ombres qu’il lui prend fan- taisie d’avoir. Voyez, j’en ai pris aujourd’hui deux à ma suite.» Il se mit à rire. «Tenez- vous pour dit, Schlémihl, que l’on en vient à faire malgré soi ce qui l’on n’avait pas voulu faire de bon gré. Je suis toujours d’avis, et il en est encore temps, que vous repreniez votre ombre et votre prétendue. Pour Rascal, nous le ferons pendre; cela ne sera pas difficile tant qu’il y aura des cordes: tenez, je vous don- nerai mon bonnet par-dessus le marché.»
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rendez-moi mon nid d’oiseau, vous n’en avez
plus besoin, et vous êtes trop honnête homme
pour vouloir injustement retenir le bien d’au-
trui. D’ailleurs, sans remerciement, je vous
proteste que c’est du meilleur de mon coeur que
je vous l’ai prêté.» Il le reprit de mes mains
sans que je m’y opposasse, le remit dans sa
poche, et me regarda en partant d’un nouvel
éclat de rire, qui même fut si sonore, que le
forestier se retourna au bruit. Je restai pé-
trifié.
«Avouez, poursuivit-il, que ce bonnet est
encore beaucoup plus commode que mon nid
d’oiseau; il couvre du moins l’homme et son
ombre, et toutes les ombres qu’il lui prend fan-
taisie d’avoir. Voyez, j’en ai pris aujourd’hui
deux à ma suite.» Il se mit à rire. «Tenez-
vous pour dit, Schlémihl, que l’on en vient à
faire malgré soi ce qui l’on n’avait pas voulu
faire de bon gré. Je suis toujours d’avis, et
il en est encore temps, que vous repreniez votre
ombre et votre prétendue. Pour Rascal, nous
le ferons pendre; cela ne sera pas difficile tant
qu’il y aura des cordes: tenez, je vous don-
nerai mon bonnet par-dessus le marché.»
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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 72. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/96>, abgerufen am 26.06.2024.
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