Anmelden (DTAQ) DWDS     dlexDB     CLARIN-D

Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

Bild:
<< vorherige Seite
X.

Un vif et profond sentiment de piete me fit
tomber a genoux, et des larmes de reconnais-
sance coulerent de mes yeux. Un avenir nou-
veau se revelait a moi. J'allais, dans le sein
de la nature que j'avais toujours cherie, me
dedommager de la societe des hommes, dont
j'etais exclus par ma faute; toute la terre s'ouv-
rait devant mes yeux comme un jardin; l'etude
allait etre le mouvement et la force de ma vie,
dont la science devenait le but. Je n'ai fait de-
puis ce jour que travailler, avec zele et per-
severance, a realiser cette inspiration. Et le
degre auquel j'ai approche de l'ideal a constam-
ment ete la mesure de ma propre satisfaction.

Je me levai aussitot pour prendre d'un pre-
mier regard possession du vaste champ ou je
me preparais a moissonner. Je me trouvais sur
le haut plateau de l'Asie; et le soleil, qui peu
d'heures auparavant s'etait leve pour moi, s'incli-
nait vers son couchant. Je devancai sa course

X.

Un vif et profond sentiment de piété me fit
tomber à genoux, et des larmes de reconnais-
sance coulèrent de mes yeux. Un avenir nou-
veau se révélait à moi. J’allais, dans le sein
de la nature que j’avais toujours chérie, me
dédommager de la société des hommes, dont
j’étais exclus par ma faute; toute la terre s’ouv-
rait devant mes yeux comme un jardin; l’étude
allait être le mouvement et la force de ma vie,
dont la science devenait le but. Je n’ai fait de-
puis ce jour que travailler, avec zèle et per-
sévérance, à réaliser cette inspiration. Et le
degré auquel j’ai approché de l’idéal a constam-
ment été la mesure de ma propre satisfaction.

Je me levai aussitôt pour prendre d’un pre-
mier regard possession du vaste champ où je
me préparais à moissonner. Je me trouvais sur
le haut plateau de l’Asie; et le soleil, qui peu
d’heures auparavant s’était levé pour moi, s’incli-
nait vers son couchant. Je devançai sa course

<TEI>
  <text>
    <body>
      <pb facs="#f0134" n="[106]"/>
      <div n="1">
        <head> <hi rendition="#b">X.</hi> </head><lb/>
        <p><hi rendition="#in">U</hi>n vif et profond sentiment de piété me fit<lb/>
tomber à genoux, et des larmes de reconnais-<lb/>
sance coulèrent de mes yeux. Un avenir nou-<lb/>
veau se révélait à moi. J&#x2019;allais, dans le sein<lb/>
de la nature que j&#x2019;avais toujours chérie, me<lb/>
dédommager de la société des hommes, dont<lb/>
j&#x2019;étais exclus par ma faute; toute la terre s&#x2019;ouv-<lb/>
rait devant mes yeux comme un jardin; l&#x2019;étude<lb/>
allait être le mouvement et la force de ma vie,<lb/>
dont la science devenait le but. Je n&#x2019;ai fait de-<lb/>
puis ce jour que travailler, avec zèle et per-<lb/>
sévérance, à réaliser cette inspiration. Et le<lb/>
degré auquel j&#x2019;ai approché de l&#x2019;idéal a constam-<lb/>
ment été la mesure de ma propre satisfaction.</p><lb/>
        <p>Je me levai aussitôt pour prendre d&#x2019;un pre-<lb/>
mier regard possession du vaste champ où je<lb/>
me préparais à moissonner. Je me trouvais sur<lb/>
le haut plateau de l&#x2019;Asie; et le soleil, qui peu<lb/>
d&#x2019;heures auparavant s&#x2019;était levé pour moi, s&#x2019;incli-<lb/>
nait vers son couchant. Je devançai sa course<lb/></p>
      </div>
    </body>
  </text>
</TEI>
[[106]/0134] X. Un vif et profond sentiment de piété me fit tomber à genoux, et des larmes de reconnais- sance coulèrent de mes yeux. Un avenir nou- veau se révélait à moi. J’allais, dans le sein de la nature que j’avais toujours chérie, me dédommager de la société des hommes, dont j’étais exclus par ma faute; toute la terre s’ouv- rait devant mes yeux comme un jardin; l’étude allait être le mouvement et la force de ma vie, dont la science devenait le but. Je n’ai fait de- puis ce jour que travailler, avec zèle et per- sévérance, à réaliser cette inspiration. Et le degré auquel j’ai approché de l’idéal a constam- ment été la mesure de ma propre satisfaction. Je me levai aussitôt pour prendre d’un pre- mier regard possession du vaste champ où je me préparais à moissonner. Je me trouvais sur le haut plateau de l’Asie; et le soleil, qui peu d’heures auparavant s’était levé pour moi, s’incli- nait vers son couchant. Je devançai sa course

Suche im Werk

Hilfe

Informationen zum Werk

Download dieses Werks

XML (TEI P5) · HTML · Text
TCF (text annotation layer)
XML (TEI P5 inkl. att.linguistic)

Metadaten zum Werk

TEI-Header · CMDI · Dublin Core

Ansichten dieser Seite

Voyant Tools ?

Language Resource Switchboard?

Feedback

Sie haben einen Fehler gefunden? Dann können Sie diesen über unsere Qualitätssicherungsplattform DTAQ melden.

Kommentar zur DTA-Ausgabe

Dieses Werk wurde im Rahmen des Moduls DTA-Erweiterungen (DTAE) digitalisiert. Weitere Informationen …




Ansicht auf Standard zurückstellen

URL zu diesem Werk: https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786
URL zu dieser Seite: https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/134
Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. [106]. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/134>, abgerufen am 21.12.2024.