partie de ses possessions Italiennes, assurait d'abord ses derrieres dans sa lutte contre l'insurrection Madjare, jusqu'a ce qu'enfin apparaissant armee sur les champs de bataille de Hongrie, Elle a releve sur sa base l'unite de la Monarchie Autrichienne, retabli de ce cote l'equilibre qui chancelait et rendu au cabinet de Vienne sa pleine liberte d'action pour revendiquer sa part legitime dans le travail de reorganisation qui agite en ce moment l'ancienne Confederation Ger- manique.
Enfin, Sire, par les negociations entamees sous Vos yeux a Varsovie, V. M. vient de mettre le sceau a ce caractere de moderateur que les evenements Lui deferent, et que l'Europe se sent contrainte ou empressee a Lui reconnaeitre. Elle y a vu les deux grandes puissances de l'Allemagne La prendre pour juge de leurs differends et pour arbitre de leur cause. Ses conseils, ses exhortations, les conditions qu'Elle a mises a Son concours ont eu presque immediatement pour effet d'operer un rapprochement entre des droits ou des pretentions jusque- la restes inconciliables; et si les passions populaires ne viennent point troubler l'accord pret a s'etablir entre les Gouvernements, V. M. aura eu l'honneur d'avoir preserve tout a la fois l'Allemagne d'une nouvelle guerre de trente ans et l'Eu- rope d'une conflagration generale.
J'ose donc ici le repeter: depuis 1814 la position de la Russie et de son Souverain n'a ete ni plus belle ni plus grande.
Associe par les fonctions qu'a daigne me continuer V. M. en succedant a Son Auguste Frere a l'histoire des vingt-cinq annees, dont je viens d'esquisser les principaux traits: humble instrument de Ses desseins et organe de Ses pensees politiques, j'aurais desire, Sire, en Vous soumettant ce tableau rapide et succinct, lui donner l'etendue, et tous les details qu'il exige. Absorbe par les negociations qui en dernier lieu ont deplace le siege ordinaire du Cabinet de V. M. I., je n'ai pu a mon grand regret y vouer l'attention et le temps ne- cessaires. A defaut d'un historique plus long et plus circonstancie du passe, qu'il me soit du moins permis d'appuyer ici principalement sur le resultat satis- faisant de ces memes negociations et d'en offrir a V. M. mes felicitations respectueuses. Elle ne pouvait clore plus dignement le cycle des vingt-cinq ans que celebre aujourd'hui l'Empire tout entier, s'unissant de tous les points de sa vaste etendue a la joie de l'Auguste Famille Imperiale.
Dans le cours de ces vingt-cinq ans, V. M. aura acquis plus d'un teitre a la reconnaissance de l'Europe. Mais, je ne crains pas de le dire, dans la carriere qu'Elle a fournie, l'annee meme de Son jubile aura ete la plus glorieuse, si la veritable gloire des Souverains est principalement fondee sur la bienfaisante influence qu'ils exercent dans l'interet du repos et de l'humanite sur les destinees du monde.
Que la Providence, qui jusqu'ici Vous a si visiblement protege, continue, Sire, a repandre ses benedictions sur Votre regne et daigne ajouter a Votre passe de nombreuses annees encore pour le bien des peuples qu'elle Vous a confies. C'est le voeu qu'ose humblement deposer aux pieds du trone de V. M. I. un vieux serviteur, dont la vie entiere s'est usee au service de sa patrie et de Ses maeitres.
Je suis avec le plus profond respect, Sire, de Votre M. I.
[Spaltenumbruch]
St. Petersbourg, le 20. Novembre 1850.
[Spaltenumbruch]
le plus soumis et fidele sujet Nesselrode.
XXIX. Europäiſche Politik des Czaren Nikolaus.
partie de ses possessions Italiennes, assurait d’abord ses derrières dans sa lutte contre l’insurrection Madjare, jusqu’à ce qu’enfin apparaissant armée sur les champs de bataille de Hongrie, Elle a relevé sur sa base l’unité de la Monarchie Autrichienne, rétabli de ce côté l’équilibre qui chancelait et rendu au cabinet de Vienne sa pleine liberté d’action pour revendiquer sa part légitime dans le travail de réorganisation qui agite en ce moment l’ancienne Confédération Ger- manique.
Enfin, Sire, par les négociations entamées sous Vos yeux à Varsovie, V. M. vient de mettre le sceau à ce caractère de modérateur que les événements Lui défèrent, et que l’Europe se sent contrainte ou empressée à Lui reconnaître. Elle y a vu les deux grandes puissances de l’Allemagne La prendre pour juge de leurs différends et pour arbitre de leur cause. Ses conseils, ses exhortations, les conditions qu’Elle a mises à Son concours ont eu presque immédiatement pour effet d’opérer un rapprochement entre des droits ou des prétentions jusque- là restés inconciliables; et si les passions populaires ne viennent point troubler l’accord prêt à s’établir entre les Gouvernements, V. M. aura eu l’honneur d’avoir préservé tout à la fois l’Allemagne d’une nouvelle guerre de trente ans et l’Eu- rope d’une conflagration générale.
J’ose donc ici le répéter: depuis 1814 la position de la Russie et de son Souverain n’a été ni plus belle ni plus grande.
Associé par les fonctions qu’a daigné me continuer V. M. en succédant à Son Auguste Frère à l’histoire des vingt-cinq années, dont je viens d’esquisser les principaux traits: humble instrument de Ses desseins et organe de Ses pensées politiques, j’aurais désiré, Sire, en Vous soumettant ce tableau rapide et succinct, lui donner l’étendue, et tous les détails qu’il exige. Absorbé par les négociations qui en dernier lieu ont déplacé le siège ordinaire du Cabinet de V. M. I., je n’ai pu à mon grand regret y vouer l’attention et le temps né- cessaires. A défaut d’un historique plus long et plus circonstancié du passé, qu’il me soit du moins permis d’appuyer ici principalement sur le résultat satis- faisant de ces mêmes négociations et d’en offrir à V. M. mes félicitations respectueuses. Elle ne pouvait clôre plus dignement le cycle des vingt-cinq ans que célèbre aujourd’hui l’Empire tout entier, s’unissant de tous les points de sa vaste étendue à la joie de l’Auguste Famille Impériale.
Dans le cours de ces vingt-cinq ans, V. M. aura acquis plus d’un tître à la reconnaissance de l’Europe. Mais, je ne crains pas de le dire, dans la carrière qu’Elle a fournie, l’année même de Son jubilé aura été la plus glorieuse, si la véritable gloire des Souverains est principalement fondée sur la bienfaisante influence qu’ils exercent dans l’intérêt du repos et de l’humanité sur les destinées du monde.
Que la Providence, qui jusqu’ici Vous a si visiblement protégé, continue, Sire, à répandre ses bénédictions sur Votre règne et daigne ajouter à Votre passé de nombreuses années encore pour le bien des peuples qu’elle Vous a confiés. C’est le vœu qu’ose humblement déposer aux pieds du trône de V. M. I. un vieux serviteur, dont la vie entière s’est usée au service de sa patrie et de Ses maîtres.
Je suis avec le plus profond respect, Sire, de Votre M. I.
[Spaltenumbruch]
St. Pétersbourg, le 20. Novembre 1850.
[Spaltenumbruch]
le plus soumis et fidèle sujet Nesselrode.
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XXIX. Europäiſche Politik des Czaren Nikolaus.
partie de ses possessions Italiennes, assurait d’abord ses derrières dans sa lutte
contre l’insurrection Madjare, jusqu’à ce qu’enfin apparaissant armée sur les
champs de bataille de Hongrie, Elle a relevé sur sa base l’unité de la Monarchie
Autrichienne, rétabli de ce côté l’équilibre qui chancelait et rendu au cabinet
de Vienne sa pleine liberté d’action pour revendiquer sa part légitime dans le
travail de réorganisation qui agite en ce moment l’ancienne Confédération Ger-
manique.
Enfin, Sire, par les négociations entamées sous Vos yeux à Varsovie, V. M.
vient de mettre le sceau à ce caractère de modérateur que les événements Lui
défèrent, et que l’Europe se sent contrainte ou empressée à Lui reconnaître.
Elle y a vu les deux grandes puissances de l’Allemagne La prendre pour juge
de leurs différends et pour arbitre de leur cause. Ses conseils, ses exhortations,
les conditions qu’Elle a mises à Son concours ont eu presque immédiatement
pour effet d’opérer un rapprochement entre des droits ou des prétentions jusque-
là restés inconciliables; et si les passions populaires ne viennent point troubler
l’accord prêt à s’établir entre les Gouvernements, V. M. aura eu l’honneur d’avoir
préservé tout à la fois l’Allemagne d’une nouvelle guerre de trente ans et l’Eu-
rope d’une conflagration générale.
J’ose donc ici le répéter: depuis 1814 la position de la Russie et de son
Souverain n’a été ni plus belle ni plus grande.
Associé par les fonctions qu’a daigné me continuer V. M. en succédant à
Son Auguste Frère à l’histoire des vingt-cinq années, dont je viens d’esquisser
les principaux traits: humble instrument de Ses desseins et organe de Ses
pensées politiques, j’aurais désiré, Sire, en Vous soumettant ce tableau rapide
et succinct, lui donner l’étendue, et tous les détails qu’il exige. Absorbé par
les négociations qui en dernier lieu ont déplacé le siège ordinaire du Cabinet
de V. M. I., je n’ai pu à mon grand regret y vouer l’attention et le temps né-
cessaires. A défaut d’un historique plus long et plus circonstancié du passé,
qu’il me soit du moins permis d’appuyer ici principalement sur le résultat satis-
faisant de ces mêmes négociations et d’en offrir à V. M. mes félicitations
respectueuses. Elle ne pouvait clôre plus dignement le cycle des vingt-cinq ans
que célèbre aujourd’hui l’Empire tout entier, s’unissant de tous les points de
sa vaste étendue à la joie de l’Auguste Famille Impériale.
Dans le cours de ces vingt-cinq ans, V. M. aura acquis plus d’un tître à
la reconnaissance de l’Europe. Mais, je ne crains pas de le dire, dans la
carrière qu’Elle a fournie, l’année même de Son jubilé aura été la plus glorieuse,
si la véritable gloire des Souverains est principalement fondée sur la bienfaisante
influence qu’ils exercent dans l’intérêt du repos et de l’humanité sur les destinées
du monde.
Que la Providence, qui jusqu’ici Vous a si visiblement protégé, continue,
Sire, à répandre ses bénédictions sur Votre règne et daigne ajouter à Votre
passé de nombreuses années encore pour le bien des peuples qu’elle Vous a
confiés. C’est le vœu qu’ose humblement déposer aux pieds du trône de V. M. I.
un vieux serviteur, dont la vie entière s’est usée au service de sa patrie et de
Ses maîtres.
Je suis avec le plus profond respect,
Sire,
de Votre M. I.
St. Pétersbourg,
le 20. Novembre 1850.
le plus soumis et fidèle sujet
Nesselrode.
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Treitschke, Heinrich von: Deutsche Geschichte im Neunzehnten Jahrhundert. Bd. 5: Bis zur März-Revolution. Leipzig, 1894, S. 760. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/treitschke_geschichte05_1894/774>, abgerufen am 23.11.2024.
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