dans le dessein d'exciter les etats du Royaume, contre qui que ce soit; la paix avec nos voisins soit exactement gardee; mais en meme tems je souhaiterois, que nous fussions ga- rantis de toute sorte d'invasion imprevue. Le seul et l'unique moyen d'y reüssir est une considerable augmentation de notre armee; comme c'est une affaire decidee hors de doute et d'ex- ception, il seroit raisonnable de la mettre au plutot en pra- tique; autrement nous serons obliges de suivre toujours les regles du plus fort et de nous soumettre a ses loix. Nous nous apercevons, il est vrai, qu'une nombreuse armee nous est d'une necessite absolue. Nous pensons a cela depuis tant d'annees, ou pour mieux dire, il nous semble d'y avoir pense; toutefois cela s'est fait sans succes et sans realite. Peut-etre que nous n'y pensons pas serieusement, ou que chacun, pour s'epargner soi meme, fait de propos delibere trainer en lon- gueur une affaire, que pour la conservation de notre bonheur et de notre surete, nous trouvons tous indispensablement ne- cessaire.
Nous nous efforcons de trouver des fonds suffisants pour faire la levee des troupes. Nous voulons tripler les impots, que nous payons actuellement, pour tripler l'armee. Nous destinons a cet usage le Czopowe et le Szelezne (impots qu'on paye des tonneaux et de la boisson) et quelques autres fonds dans la persuasion, que cela suffit; mais nous ne considerons pas, dans quelle misere et dans quelle desolation le pais se trouve partout et a quel point les villes sont ruinees et les pauvres sujets accables. Nous ne faisons point reflexion, qu'une grande partie de noblesse rejette avec raison la capi- tation, comme un impot trop onereux, trop honteux et peu convenable a la liberte de la nation.
Or comme nous traitons cette affaire avec peu de soli- dite, tout finit par un vain verbiage et nos projets ressem- blent a des chateaux en l'air. Dites-moi, Monsieur, je vous prie, s'il est possible, de tripler les impots ordinaires dans le tems, que la necessite nous oblige, d'assigner des endroits deserts pour la paye de l'armee quoique peu nombreuse.
Roepell, Polen im 18. Jahrhundert. 14
dans le dessein d’exciter les etats du Royaume, contre qui que ce soit; la paix avec nos voisins soit exactement gardée; mais en même tems je souhaiterois, que nous fussions ga- rantis de toute sorte d’invasion imprevue. Le seul et l’unique moyen d’y reüssir est une considerable augmentation de notre armée; comme c’est une affaire decidée hors de doute et d’ex- ception, il seroit raisonnable de la mettre au plutot en pra- tique; autrement nous serons obligés de suivre toujours les regles du plus fort et de nous soumettre à ses loix. Nous nous apercevons, il est vrai, qu’une nombreuse armée nous est d’une necessité absolue. Nous pensons à cela depuis tant d’années, ou pour mieux dire, il nous semble d’y avoir pensé; toutefois cela s’est fait sans succès et sans realité. Peut-etre que nous n’y pensons pas serieusement, ou que chacun, pour s’epargner soi meme, fait de propos deliberé trainer en lon- gueur une affaire, que pour la conservation de notre bonheur et de notre sureté, nous trouvons tous indispensablement ne- cessaire.
Nous nous efforçons de trouver des fonds suffisants pour faire la levée des troupes. Nous voulons tripler les impots, que nous payons actuellement, pour tripler l’armée. Nous destinons à cet usage le Czopowe et le Szelezne (impots qu’on paye des tonneaux et de la boisson) et quelques autres fonds dans la persuasion, que cela suffit; mais nous ne considerons pas, dans quelle misere et dans quelle desolation le païs se trouve partout et à quel point les villes sont ruinées et les pauvres sujets accablés. Nous ne faisons point reflexion, qu’une grande partie de noblesse rejette avec raison la capi- tation, comme un impot trop onereux, trop honteux et peu convenable à la liberté de la nation.
Or comme nous traitons cette affaire avec peu de soli- dité, tout finit par un vain verbiage et nos projets ressem- blent à des chateaux en l’air. Dites-moi, Monsieur, je vous prie, s’il est possible, de tripler les impots ordinaires dans le tems, que la necessité nous oblige, d’assigner des endroits deserts pour la paye de l’armée quoique peu nombreuse.
Roepell, Polen im 18. Jahrhundert. 14
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dans le dessein d’exciter les etats du Royaume, contre qui
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mais en même tems je souhaiterois, que nous fussions ga-
rantis de toute sorte d’invasion imprevue. Le seul et l’unique
moyen d’y reüssir est une considerable augmentation de notre
armée; comme c’est une affaire decidée hors de doute et d’ex-
ception, il seroit raisonnable de la mettre au plutot en pra-
tique; autrement nous serons obligés de suivre toujours les
regles du plus fort et de nous soumettre à ses loix. Nous
nous apercevons, il est vrai, qu’une nombreuse armée nous
est d’une necessité absolue. Nous pensons à cela depuis tant
d’années, ou pour mieux dire, il nous semble d’y avoir pensé;
toutefois cela s’est fait sans succès et sans realité. Peut-etre
que nous n’y pensons pas serieusement, ou que chacun, pour
s’epargner soi meme, fait de propos deliberé trainer en lon-
gueur une affaire, que pour la conservation de notre bonheur
et de notre sureté, nous trouvons tous indispensablement ne-
cessaire.
Nous nous efforçons de trouver des fonds suffisants pour
faire la levée des troupes. Nous voulons tripler les impots,
que nous payons actuellement, pour tripler l’armée. Nous
destinons à cet usage le Czopowe et le Szelezne (impots qu’on
paye des tonneaux et de la boisson) et quelques autres fonds
dans la persuasion, que cela suffit; mais nous ne considerons
pas, dans quelle misere et dans quelle desolation le païs se
trouve partout et à quel point les villes sont ruinées et les
pauvres sujets accablés. Nous ne faisons point reflexion,
qu’une grande partie de noblesse rejette avec raison la capi-
tation, comme un impot trop onereux, trop honteux et peu
convenable à la liberté de la nation.
Or comme nous traitons cette affaire avec peu de soli-
dité, tout finit par un vain verbiage et nos projets ressem-
blent à des chateaux en l’air. Dites-moi, Monsieur, je vous
prie, s’il est possible, de tripler les impots ordinaires dans le
tems, que la necessité nous oblige, d’assigner des endroits
deserts pour la paye de l’armée quoique peu nombreuse.
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Roepell, Richard: Polen um die Mitte des 18. Jahrhunderts. Gotha, 1876, S. 209. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/roepell_polen_1876/223>, abgerufen am 16.07.2024.
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