Fontane, Theodor: Wanderungen durch die Mark Brandenburg. Bd. 2: Das Oderland. Berlin, 1863. Ode. Permettez-moi, Madame, en Vous offrant ces lignes Que je Vous fasse part de cette verite: Depuis que je Vous vis j'ai ete agite Vous etes un objet qui en etes bien digne. Mon coeur a ressenti qu'un trait trop plein d'addresse Est trop capable helas d'oter la liberte; Quoique je sois a cette heure au tems de puberte Le monde dit pourtant que c'est une faiblesse. Ma faiblesse me plait et semble preferable A des coeurs qui sont durs et semblables au rocher Et quand l'on me diroit, que ce seroit pecher Vous valez un peche, Vous etes trop aimable. Je ne me trouve pas moi meme assez capable De Vous faire sentir ce qu'eprouve mon coeur: Aimer est un bonheur, aimer est un malheur! Tantot l'on est content, tantot cela accable. Tirez moi donc de peine et soyez mon arbitre Car je n'attends de sort que sorti de Vos mains, Je suis dans l'esclavage, je suis dans Vos liens Et ne demande pas jamais un autre titre. N'en ai-je pas trop dit? reprimez ma hardiesse. Du moins n'ai-je parle quand Vous fautes ici, Mais j'avois tant a voir dont j'etois en souci, Car Vous me paroissiez ainsi qu'une deesse. Recevez donc Madame, un coeur qui est trop tendre, Qui attend impatient seulement la permission De Vous faire souvent ces douces soumissions Et qui a balance a cette heure (asteur) de l'entreprendre. Je compte les momens, je compte les minutes Afin de recevoir de Vous la decision Sur quoi je reglerai toutes mes actions. Mais je crains ce malheur qui trop me persecute Qu'il me soit donc contraire en m'offrant des traverses Vous verrez que malgre je peux etre constant Et si je n'ai pas lieu, d'en etre trop content Il faut que la patience a la fin pourtant perce Mais j'en ai ecrit trop et ma passion m'emporte Je crois Vous ennuyer Vous priant a la fin De croire que ce coeur de Vous rempli et plein Y perseverrera toujours de meme sorte. Friederich. 33*
Ode. Permettez-moi, Madame, en Vous offrant ces lignes Que je Vous fasse part de cette vérité: Depuis que je Vous vis j’ai été agité Vous êtes un objet qui en êtes bien digne. Mon coeur a ressenti qu’un trait trop plein d’addresse Est trop capable hèlas d’ôter la liberté; Quoique je sois à cette heure au tems de puberté Le monde dit pourtant que c’est une faiblesse. Ma faiblesse me plait et semble préférable A des coeurs qui sont durs et semblables au rocher Et quand l’on me diroit, que ce seroit pêcher Vous valez un pêché, Vous êtes trop aimable. Je ne me trouve pas moi même assez capable De Vous faire sentir ce qu’éprouve mon coeur: Aimer est un bonheur, aimer est un malheur! Tantôt l’on est content, tantôt cela accable. Tirez moi donc de peine et soyez mon arbitre Car je n’attends de sort que sorti de Vos mains, Je suis dans l’esclavage, je suis dans Vos liens Et ne demande pas jamais un autre titre. N’en ai-je pas trop dit? reprimez ma hardiesse. Du moins n’ai-je parlé quand Vous fûtes ici, Mais j’avois tant à voir dont j’étois en souci, Car Vous me paroissiez ainsi qu’une déesse. Recevez donc Madame, un coeur qui est trop tendre, Qui attend impatient seulement la permission De Vous faire souvent ces douces soumissions Et qui a balancé à cette heure (asteur) de l’entreprendre. Je compte les momens, je compte les minutes Afin de recevoir de Vous la décision Sur quoi je rêglerai toutes mes actions. Mais je crains ce malheur qui trop me persécute Qu’il me soit donc contraire en m’offrant des traverses Vous verrez que malgré je peux être constant Et si je n’ai pas lieu, d’en être trop content Il faut que la patience à la fin pourtant perce Mais j’en ai écrit trop et ma passion m’emporte Je crois Vous ennuyer Vous priant à la fin De croire que ce coeur de Vous rempli et plein Y perséverrera toujours de même sorte. Friederich. 33*
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Ode.
Permettez-moi, Madame, en Vous offrant ces lignes
Que je Vous fasse part de cette vérité:
Depuis que je Vous vis j’ai été agité
Vous êtes un objet qui en êtes bien digne.
Mon coeur a ressenti qu’un trait trop plein d’addresse
Est trop capable hèlas d’ôter la liberté;
Quoique je sois à cette heure au tems de puberté
Le monde dit pourtant que c’est une faiblesse.
Ma faiblesse me plait et semble préférable
A des coeurs qui sont durs et semblables au rocher
Et quand l’on me diroit, que ce seroit pêcher
Vous valez un pêché, Vous êtes trop aimable.
Je ne me trouve pas moi même assez capable
De Vous faire sentir ce qu’éprouve mon coeur:
Aimer est un bonheur, aimer est un malheur!
Tantôt l’on est content, tantôt cela accable.
Tirez moi donc de peine et soyez mon arbitre
Car je n’attends de sort que sorti de Vos mains,
Je suis dans l’esclavage, je suis dans Vos liens
Et ne demande pas jamais un autre titre.
N’en ai-je pas trop dit? reprimez ma hardiesse.
Du moins n’ai-je parlé quand Vous fûtes ici,
Mais j’avois tant à voir dont j’étois en souci,
Car Vous me paroissiez ainsi qu’une déesse.
Recevez donc Madame, un coeur qui est trop tendre,
Qui attend impatient seulement la permission
De Vous faire souvent ces douces soumissions
Et qui a balancé à cette heure (asteur) de l’entreprendre.
Je compte les momens, je compte les minutes
Afin de recevoir de Vous la décision
Sur quoi je rêglerai toutes mes actions.
Mais je crains ce malheur qui trop me persécute
Qu’il me soit donc contraire en m’offrant des traverses
Vous verrez que malgré je peux être constant
Et si je n’ai pas lieu, d’en être trop content
Il faut que la patience à la fin pourtant perce
Mais j’en ai écrit trop et ma passion m’emporte
Je crois Vous ennuyer Vous priant à la fin
De croire que ce coeur de Vous rempli et plein
Y perséverrera toujours de même sorte.
Friederich.
33*
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