Veut-on de Neant qu' aucun Etre commence? Jamais de rien, jamais rien ne sera concu. Quel qu' un possede l' Etre, & ne l' a point recu, Et de Lui tout a pris naissance. C' est Dieu seul. Seroit-il si sa divine Essence N'avoit l' eternelle Existence? Il faudroit de son Etre avoir un autre Auteur, Qui deviendroit le Createur. A l'infini ce DIEU sera cherche de meme, Jusqu'a ce, qu' on le trouve existant par Lui-meme. Donc il est incree, donc immateriel. Il tient l' enchaeinement des Causes: Lui, qui n' est point produit, a produit toutes choses, Principe sans principe, immuable, eternel.
Je sai, qu'il s'est trouve d' aveugles temeraires, Qui souvent ont voulu traiter d' imaginaires De cet Etre infini les Attributs sacrez. "Les Mortels, disoient ils, de frayeur penetroz, "Exposez aux douleurs, foibles & miserables, "Ont mis sur les Autels, ou des Dieux redoutables, "Ou des Deitez secourables, "Spectres par l' Erreur adorez "Comme vangeurs, ou comme favorables.
Pauvr[e]
De DIEU.
Veut-on de Néant qu’ aucun Etre commence? Jamais de rien, jamais rien ne ſera conçu. Quel qu’ un poſſede l’ Etre, & ne l’ a point reçu, Et de Lui tout à pris naiſſance. C’ eſt Dieu ſeul. Seroit-il ſi ſa divine Eſſence N’avoit l’ eternelle Exiſtence? Il faudroit de ſon Etre avoir un autre Auteur, Qui deviendroit le Créateur. A l’infini ce DIEU ſera cherché de même, Juſqu’à ce, qu’ on le trouve exiſtant par Lui-même. Donc il eſt incréé, donc immateriel. Il tient l’ enchaînement des Cauſes: Lui, qui n’ eſt point produit, à produit toutes choſes, Principe ſans principe, immuable, éternel.
Je ſai, qu’il s’eſt trouvé d’ aveugles temeraires, Qui ſouvent ont voulu traiter d’ imaginaires De cet Etre infini les Attributs ſacrez. „Les Mortels, diſoient ils, de frayeur pénetroz, „Expoſez aux douleurs, foibles & miſerables, „Ont mis ſur les Autels, ou des Dieux redoutables, „Ou des Deïtez ſecourables, „Spectres par l’ Erreur adorez „Comme vangeurs, ou comme favorables.
Pauvr[e]
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De DIEU.
Veut-on de Néant qu’ aucun Etre commence?
Jamais de rien, jamais rien ne ſera conçu.
Quel qu’ un poſſede l’ Etre, & ne l’ a point reçu,
Et de Lui tout à pris naiſſance.
C’ eſt Dieu ſeul. Seroit-il ſi ſa divine Eſſence
N’avoit l’ eternelle Exiſtence?
Il faudroit de ſon Etre avoir un autre Auteur,
Qui deviendroit le Créateur.
A l’infini ce DIEU ſera cherché de même,
Juſqu’à ce, qu’ on le trouve exiſtant par Lui-même.
Donc il eſt incréé, donc immateriel.
Il tient l’ enchaînement des Cauſes:
Lui, qui n’ eſt point produit, à produit toutes choſes,
Principe ſans principe, immuable, éternel.
Je ſai, qu’il s’eſt trouvé d’ aveugles temeraires,
Qui ſouvent ont voulu traiter d’ imaginaires
De cet Etre infini les Attributs ſacrez.
„Les Mortels, diſoient ils, de frayeur pénetroz,
„Expoſez aux douleurs, foibles & miſerables,
„Ont mis ſur les Autels, ou des Dieux redoutables,
„Ou des Deïtez ſecourables,
„Spectres par l’ Erreur adorez
„Comme vangeurs, ou comme favorables.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 48. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/78>, abgerufen am 23.11.2024.
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