En l'Homme il daigna faire voir, Une merveilleuse Machine, Ou l'Emanation divine, S'unit par des moyens dignes de son Pouvoir, Que notre Esprit borne ne sauroit concevoir. Quand il joignit au Corps l'Ame spirituelle, Comme les Sentimens n'etoient faits, que pour elle, Il voulut, qu'une impression, Sur la Machine corporelle, Soudain causat dans l'Ame une perception. De l' Ame avec le Corps la liaison fut telle, Que quand le Corps est mau d'une telle facon, Nous sentons Froid, Chaleur, Couleur, Lumiere, & Son. Mais ces traits reflechis de Couleur, de Lumiere, Ce Froid, cette Chaleur, ces Sons, Entant que nous les connoissons, Sont detachez de la Matiere: Sans que rien du dehors s'y laisse decouvrir, La simple Idee a l'Esprit vient s'offrir.
Et comment voudroit-on que toutes ces peintures, Qui se font, & defont dans les memes instans, Sans laisser distinguer d'espace, ni de temps,
Me-
Reflexions sur les Idees.
En l’Homme il daigna faire voir, Une merveilleuſe Machine, Où l’Emanation divine, S’unit par des moyens dignes de ſon Pouvoir, Que notre Eſprit borné ne ſauroit concevoir. Quand il joignit au Corps l’Ame ſpirituelle, Comme les Sentimens n’etoient faits, que pour elle, Il voulut, qu’une impresſion, Sur la Machine corporelle, Soudain cauſât dans l’Ame une perception. De l’ Ame avec le Corps la liaiſon fut telle, Que quand le Corps eſt mû d’une telle façon, Nous ſentons Froid, Chaleur, Couleur, Lumiere, & Son. Mais ces traits reflêchis de Couleur, de Lumiere, Ce Froid, cette Chaleur, ces Sons, Entant que nous les connoiſſons, Sont détachez de la Matiere: Sans que rien du dehors s’y laiſſe découvrir, La ſimple Idée à l’Eſprit vient s’offrir.
Et comment voudroit-on que toutes ces peintures, Qui ſe font, & défont dans les mêmes inſtans, Sans laiſſer diſtinguer d’eſpace, ni de temps,
Mê-
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Reflexions sur les Idees.
En l’Homme il daigna faire voir,
Une merveilleuſe Machine,
Où l’Emanation divine,
S’unit par des moyens dignes de ſon Pouvoir,
Que notre Eſprit borné ne ſauroit concevoir.
Quand il joignit au Corps l’Ame ſpirituelle,
Comme les Sentimens n’etoient faits, que pour elle,
Il voulut, qu’une impresſion,
Sur la Machine corporelle,
Soudain cauſât dans l’Ame une perception.
De l’ Ame avec le Corps la liaiſon fut telle,
Que quand le Corps eſt mû d’une telle façon,
Nous ſentons Froid, Chaleur, Couleur, Lumiere, & Son.
Mais ces traits reflêchis de Couleur, de Lumiere,
Ce Froid, cette Chaleur, ces Sons,
Entant que nous les connoiſſons,
Sont détachez de la Matiere:
Sans que rien du dehors s’y laiſſe découvrir,
La ſimple Idée à l’Eſprit vient s’offrir.
Et comment voudroit-on que toutes ces peintures,
Qui ſe font, & défont dans les mêmes inſtans,
Sans laiſſer diſtinguer d’eſpace, ni de temps,
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 536. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/566>, abgerufen am 22.11.2024.
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