Si l'on pense aux plus petits Corps, Sur les moindres Objets, si nous portons la vaue, Nous ne saurions jamais les diviser assez, L'Esprit se perd, nos Efforts sont lassez. Notre Raison surprise & confondue Trouve, que les Objets dans tout ces deux partis, Sont infiniment grands, infiniment petits.
Tant d'Ouvrages, tirez d'une immense matiere, Sont faits de petits Corps inconnus aux regards; Et qui de meme aussi confusement epars, Retournent se meler a la Masse premiere. Tous les Etres divers, l'un sur l'autre agissans, Imperceptiblement s'attaquent, se ruinent, Ne cessant d' enlever de leurs Corps, qui se minent, Des Atomes subtils, qui s'echapent aux Sens. L'Air, tout leger, qu'il est, aux Rochers les plus dures Fait des secretes ouvertures; Le Jour riant, l'humide Nuit, Ont des traits inconnus, par qui tout se detruit; Sans employer les eclats de la Foudre, Leur invisibles coups font jusqu'aux fondemens Tomber les fermes Batimens.
Tout
Deſ Proprietez de la Matiere.
Si l’on penſe aux plus petits Corps, Sur les moindres Objets, ſi nous portons la vûe, Nous ne ſaurions jamais les diviſer aſſez, L’Eſprit ſe perd, nos Efforts ſont laſſez. Notre Raiſon ſurpriſe & confondue Trouve, que les Objets dans tout ces deux partis, Sont infiniment grands, infiniment petits.
Tant d’Ouvrages, tirez d’une immenſe matiere, Sont faits de petits Corps inconnus aux regards; Et qui de même ausſi confuſement épars, Retournent ſe mêler à la Maſſe premiere. Tous les Etres divers, l’un ſur l’autre agiſſans, Imperceptiblement s’attaquent, ſe ruinent, Ne ceſſant d’ enlever de leurs Corps, qui ſe minent, Des Atomes ſubtils, qui s’échapent aux Sens. L’Air, tout leger, qu’il eſt, aux Rochers les plus dures Fait des ſecretes ouvertures; Le Jour riant, l’humide Nuit, Ont des traits inconnus, par qui tout ſe détruit; Sans employer les éclats de la Foudre, Leur inviſibles coups font juſqu’aux fondemens Tomber les fermes Bâtimens.
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Deſ Proprietez de la Matiere.
Si l’on penſe aux plus petits Corps,
Sur les moindres Objets, ſi nous portons la vûe,
Nous ne ſaurions jamais les diviſer aſſez,
L’Eſprit ſe perd, nos Efforts ſont laſſez.
Notre Raiſon ſurpriſe & confondue
Trouve, que les Objets dans tout ces deux partis,
Sont infiniment grands, infiniment petits.
Tant d’Ouvrages, tirez d’une immenſe matiere,
Sont faits de petits Corps inconnus aux regards;
Et qui de même ausſi confuſement épars,
Retournent ſe mêler à la Maſſe premiere.
Tous les Etres divers, l’un ſur l’autre agiſſans,
Imperceptiblement s’attaquent, ſe ruinent,
Ne ceſſant d’ enlever de leurs Corps, qui ſe minent,
Des Atomes ſubtils, qui s’échapent aux Sens.
L’Air, tout leger, qu’il eſt, aux Rochers les plus dures
Fait des ſecretes ouvertures;
Le Jour riant, l’humide Nuit,
Ont des traits inconnus, par qui tout ſe détruit;
Sans employer les éclats de la Foudre,
Leur inviſibles coups font juſqu’aux fondemens
Tomber les fermes Bâtimens.
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Brockes, Barthold Heinrich: Herrn B. H. Brockes, [...] verdeutschte Grund-Sätze der Welt-Weisheit, des Herrn Abts Genest. Bd. 3. 2. Aufl. Hamburg, 1730, S. 94. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/brockes_vergnuegen03_1730/124>, abgerufen am 04.12.2024.
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