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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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jusqu'aupres de la maison. Le bruit qui m'in-
quietait me poursuivait, et devenait meme plus
distinct. Je m'assis, respirant a peine, sur un
banc place au soleil vis-a-vis de la porte. Il
me sembla que l'invisible lutin qui s'acharnait
a me poursuivre, s'asseyait a cote de moi avec
un rire sardonique. J'entendis tourner la clef;
la porte s'ouvrit; l'inspecteur sortit, des papiers
a la main. Je sentis en meme temps comme
un brouillard passer sur ma tete; je regardai
autour de moi, je fremis d'horreur: l'homme en
habit gris etait assis a mon cote, et me consi-
derait avec un regard infernal. Il avait etendu
sur moi le bonnet de nuage qui le couvrait, et
mon ombre gisait paisiblement a ses pieds a
cote de la sienne. Il roulait negligemment entre
ses doigts le parchemin que je connaissais; et
tandis que l'inspecteur, occupe des papiers qu'il
feuilletait et relisait, se promenait en long et
en large a l'ombre des tilleuls, il se pencha
familierement a mon oreille, et me tint ce dis-
cours:

"Vous vous etes donc pourtant rendu a mon
invitation, et nous voila, comme on dit, deux
tetes dans un bonnet. C'est a merveille; or,

jusqu’auprès de la maison. Le bruit qui m’in-
quiétait me poursuivait, et devenait même plus
distinct. Je m’assis, respirant à peine, sur un
banc placé au soleil vis-à-vis de la porte. Il
me sembla que l’invisible lutin qui s’acharnait
à me poursuivre, s’asseyait à côté de moi avec
un rire sardonique. J’entendis tourner la clef;
la porte s’ouvrit; l’inspecteur sortit, des papiers
à la main. Je sentis en même temps comme
un brouillard passer sur ma tête; je regardai
autour de moi, je frémis d’horreur: l’homme en
habit gris était assis à mon côté, et me consi-
dérait avec un regard infernal. Il avait étendu
sur moi le bonnet de nuage qui le couvrait, et
mon ombre gisait paisiblement à ses pieds à
côté de la sienne. Il roulait négligemment entre
ses doigts le parchemin que je connaissais; et
tandis que l’inspecteur, occupé des papiers qu’il
feuilletait et relisait, se promenait en long et
en large à l’ombre des tilleuls, il se pencha
familièrement à mon oreille, et me tint ce dis-
cours:

«Vous vous êtes donc pourtant rendu à mon
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[71/0095] jusqu’auprès de la maison. Le bruit qui m’in- quiétait me poursuivait, et devenait même plus distinct. Je m’assis, respirant à peine, sur un banc placé au soleil vis-à-vis de la porte. Il me sembla que l’invisible lutin qui s’acharnait à me poursuivre, s’asseyait à côté de moi avec un rire sardonique. J’entendis tourner la clef; la porte s’ouvrit; l’inspecteur sortit, des papiers à la main. Je sentis en même temps comme un brouillard passer sur ma tête; je regardai autour de moi, je frémis d’horreur: l’homme en habit gris était assis à mon côté, et me consi- dérait avec un regard infernal. Il avait étendu sur moi le bonnet de nuage qui le couvrait, et mon ombre gisait paisiblement à ses pieds à côté de la sienne. Il roulait négligemment entre ses doigts le parchemin que je connaissais; et tandis que l’inspecteur, occupé des papiers qu’il feuilletait et relisait, se promenait en long et en large à l’ombre des tilleuls, il se pencha familièrement à mon oreille, et me tint ce dis- cours: «Vous vous êtes donc pourtant rendu à mon invitation, et nous voilà, comme on dit, deux têtes dans un bonnet. C’est à merveille; or,

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 71. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/95>, abgerufen am 04.12.2024.