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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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Au milieu du faste vraiment royal qui
m'environnait, et des profusions immenses de
tous genres par lesquelles je me soumettais tout,
je vivais dans l'interieur de ma maison tres-
solitaire et tres-retire; je m'etais fait une regle
de la plus exacte circonspection: personne, ex-
cepte Bendel, n'entrait, sous aucun pretexte
que ce faut, dans la chambre que j'habitais. Je
m'y tenais, tant que le soleil eclairait l'horizon,
exactement renferme avec mon confident, et l'on
disait, que le comte travaillait dans son cabi-
net: on supposait que les nombreux courriers
que j'expediais pour les moindres futilites, etaient
porteurs des resultats de ce travail. Je ne re-
cevais que le soir, dans mes salons ou dans
mes jardins illumines avec eclat, mais toujours
avec prudence, par les soins de Bendel, et
toujours surveille par ses yeux d'Argus: je ne
sortais que pour suivre la jolie Mina au jardin
de l'inspecteur des forets, car mon amour fai-
sait le seul charme de ma vie.

Oh, mon cher Adelbert! j'espere que tu n'as
pas encore oublie ce que c'est que l'amour! Je
te laisserai ici une grande lacune a remplir.
Mina etait en effet une bonne, une aimable

Au milieu du faste vraiment royal qui
m’environnait, et des profusions immenses de
tous genres par lesquelles je me soumettais tout,
je vivais dans l’intérieur de ma maison très-
solitaire et très-retiré; je m’étais fait une règle
de la plus exacte circonspection: personne, ex-
cepté Bendel, n’entrait, sous aucun prétexte
que ce fût, dans la chambre que j’habitais. Je
m’y tenais, tant que le soleil éclairait l’horizon,
exactement renfermé avec mon confident, et l’on
disait, que le comte travaillait dans son cabi-
net: on supposait que les nombreux courriers
que j’expédiais pour les moindres futilités, étaient
porteurs des résultats de ce travail. Je ne re-
cevais que le soir, dans mes salons ou dans
mes jardins illuminés avec éclat, mais toujours
avec prudence, par les soins de Bendel, et
toujours surveillé par ses yeux d’Argus: je ne
sortais que pour suivre la jolie Mina au jardin
de l’inspecteur des forêts, car mon amour fai-
sait le seul charme de ma vie.

Oh, mon cher Adelbert! j’espère que tu n’as
pas encore oublié ce que c’est que l’amour! Je
te laisserai ici une grande lacune à remplir.
Mina était en effet une bonne, une aimable

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[44/0064] Au milieu du faste vraiment royal qui m’environnait, et des profusions immenses de tous genres par lesquelles je me soumettais tout, je vivais dans l’intérieur de ma maison très- solitaire et très-retiré; je m’étais fait une règle de la plus exacte circonspection: personne, ex- cepté Bendel, n’entrait, sous aucun prétexte que ce fût, dans la chambre que j’habitais. Je m’y tenais, tant que le soleil éclairait l’horizon, exactement renfermé avec mon confident, et l’on disait, que le comte travaillait dans son cabi- net: on supposait que les nombreux courriers que j’expédiais pour les moindres futilités, étaient porteurs des résultats de ce travail. Je ne re- cevais que le soir, dans mes salons ou dans mes jardins illuminés avec éclat, mais toujours avec prudence, par les soins de Bendel, et toujours surveillé par ses yeux d’Argus: je ne sortais que pour suivre la jolie Mina au jardin de l’inspecteur des forêts, car mon amour fai- sait le seul charme de ma vie. Oh, mon cher Adelbert! j’espère que tu n’as pas encore oublié ce que c’est que l’amour! Je te laisserai ici une grande lacune à remplir. Mina était en effet une bonne, une aimable

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 44. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/64>, abgerufen am 04.12.2024.