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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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qui se peignait dans tous mes traits l'effraya
d'abord: un mot lui revela tout. Des chevaux
de poste furent a l'instant commandes. Je ne
pris avec moi qu'un seul de mes gens, un cer-
tain Rascal. C'etait un insigne vaurien; mais
adroit, expeditif, industrieux, il avait su se
rendre necessaire, et d'ailleurs il ne pouvait se
douter de ce qui venait d'arriver. Je laissai
derriere moi, cette nuit-la meme, plus de trente
lieues de pays. Bendel etait reste pour conge-
dier mes gens, repandre de l'or, regler mes
affaires, et m'apporter tout ce dont on a besoin
en voyage. Quand le jour suivant il m'eut re-
joint, je me jetai dans ses bras, et lui jurai,
sinon de ne plus faire de sottises, du moins
d'etre plus circonspect a l'avenir. Nous pour-
suivimes jour et nuit notre route, passames la
frontiere, traversames les montagnes, et ce ne fut
qu'apres avoir mis cette barriere entre le theatre de
mes infortunes et moi, que je consentis a m'arre-
ter pour respirer. Des bains que l'on disait peu
frequentes, se trouvaient dans le voisinage. Ce
fut la ou je resolus de me rendre pour me remettre
de mes fatigues.



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qui se peignait dans tous mes traits l’effraya
d’abord: un mot lui révéla tout. Des chevaux
de poste furent à l’instant commandés. Je ne
pris avec moi qu’un seul de mes gens, un cer-
tain Rascal. C’était un insigne vaurien; mais
adroit, expéditif, industrieux, il avait su se
rendre nécessaire, et d’ailleurs il ne pouvait se
douter de ce qui venait d’arriver. Je laissai
derrière moi, cette nuit-là même, plus de trente
lieues de pays. Bendel était resté pour congé-
dier mes gens, répandre de l’or, régler mes
affaires, et m’apporter tout ce dont on a besoin
en voyage. Quand le jour suivant il m’eut re-
joint, je me jetai dans ses bras, et lui jurai,
sinon de ne plus faire de sottises, du moins
d’être plus circonspect à l’avenir. Nous pour-
suivimes jour et nuit notre route, passâmes la
frontière, traversâmes les montagnes, et ce ne fut
qu’après avoir mis cette barrière entre le théâtre de
mes infortunes et moi, que je consentis à m’arrê-
ter pour respirer. Des bains que l’on disait peu
fréquentés, se trouvaient dans le voisinage. Ce
fut là où je résolus de me rendre pour me remettre
de mes fatigues.



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[33/0053] qui se peignait dans tous mes traits l’effraya d’abord: un mot lui révéla tout. Des chevaux de poste furent à l’instant commandés. Je ne pris avec moi qu’un seul de mes gens, un cer- tain Rascal. C’était un insigne vaurien; mais adroit, expéditif, industrieux, il avait su se rendre nécessaire, et d’ailleurs il ne pouvait se douter de ce qui venait d’arriver. Je laissai derrière moi, cette nuit-là même, plus de trente lieues de pays. Bendel était resté pour congé- dier mes gens, répandre de l’or, régler mes affaires, et m’apporter tout ce dont on a besoin en voyage. Quand le jour suivant il m’eut re- joint, je me jetai dans ses bras, et lui jurai, sinon de ne plus faire de sottises, du moins d’être plus circonspect à l’avenir. Nous pour- suivimes jour et nuit notre route, passâmes la frontière, traversâmes les montagnes, et ce ne fut qu’après avoir mis cette barrière entre le théâtre de mes infortunes et moi, que je consentis à m’arrê- ter pour respirer. Des bains que l’on disait peu fréquentés, se trouvaient dans le voisinage. Ce fut là où je résolus de me rendre pour me remettre de mes fatigues. 3

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 33. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/53>, abgerufen am 27.11.2024.