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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.

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plus rares, les plus exquis, furent servis dans
des corbeilles elegantes et sur les plus riches
plateaux. M. John faisait avec aisance les hon-
neurs de la collation. Il m'adressa pour la se-
conde fois la parole. -- "Prenez, me dit-il,
"cela vous manquait a bord." Je m'inclinai
pour lui repondre, mais deja il causait avec
un autre.

Si l'on n'eaut craint l'humidite du gazon, on
se serait assis sur le penchant de la colline,
pour jouir de la beaute du paysage. -- "Il se-
"rait ravissant, dit quelqu'un de la societe, de
"pouvoir etendre ici des tapis." A peine ce
voeu avait ete prononce, que deja l'homme en
habit gris avait la main dans sa poche, occupe,
de l'air le plus humble, a en faire sortir une
riche etoffe de pourpre, brodee d'or. Les do-
mestiques la recurent tranquillement de ses mains,
et la deroulerent sur l'herbe: toute la societe y
prit place. Moi, stupefait, je considerais tour-
a-tour et l'homme, et la poche, et le tapis, qui
avait plus de vingt aunes de long, sur dix de
large. -- Je me frottais les yeux, et je ne sa-
vais que penser, que croire, en voyant surtout
que personne ne temoignait la moindre surprise.

plus rares, les plus exquis, furent servis dans
des corbeilles élégantes et sur les plus riches
plateaux. M. John faisait avec aisance les hon-
neurs de la collation. Il m’adressa pour la se-
conde fois la parole. — «Prenez, me dit-il,
«cela vous manquait à bord.» Je m’inclinai
pour lui répondre, mais déjà il causait avec
un autre.

Si l’on n’eût craint l’humidité du gazon, on
se serait assis sur le penchant de la colline,
pour jouir de la beauté du paysage. — «Il se-
«rait ravissant, dit quelqu’un de la société, de
«pouvoir étendre ici des tapis.» A peine ce
voeu avait été prononcé, que déjà l’homme en
habit gris avait la main dans sa poche, occupé,
de l’air le plus humble, à en faire sortir une
riche étoffe de pourpre, brodée d’or. Les do-
mestiques la reçurent tranquillement de ses mains,
et la déroulèrent sur l’herbe: toute la société y
prit place. Moi, stupéfait, je considérais tour-
à-tour et l’homme, et la poche, et le tapis, qui
avait plus de vingt aunes de long, sur dix de
large. — Je me frottais les yeux, et je ne sa-
vais que penser, que croire, en voyant surtout
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[6/0022] plus rares, les plus exquis, furent servis dans des corbeilles élégantes et sur les plus riches plateaux. M. John faisait avec aisance les hon- neurs de la collation. Il m’adressa pour la se- conde fois la parole. — «Prenez, me dit-il, «cela vous manquait à bord.» Je m’inclinai pour lui répondre, mais déjà il causait avec un autre. Si l’on n’eût craint l’humidité du gazon, on se serait assis sur le penchant de la colline, pour jouir de la beauté du paysage. — «Il se- «rait ravissant, dit quelqu’un de la société, de «pouvoir étendre ici des tapis.» A peine ce voeu avait été prononcé, que déjà l’homme en habit gris avait la main dans sa poche, occupé, de l’air le plus humble, à en faire sortir une riche étoffe de pourpre, brodée d’or. Les do- mestiques la reçurent tranquillement de ses mains, et la déroulèrent sur l’herbe: toute la société y prit place. Moi, stupéfait, je considérais tour- à-tour et l’homme, et la poche, et le tapis, qui avait plus de vingt aunes de long, sur dix de large. — Je me frottais les yeux, et je ne sa- vais que penser, que croire, en voyant surtout que personne ne témoignait la moindre surprise.

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Zitationshilfe: Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 6. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/22>, abgerufen am 27.11.2024.