aujourd'hui plus heureux qu'il ne l'etait alors. -- Je trouve en moi la meme confiance, repondit la belle veuve." Et tous deux passerent de- vant mon lit et s'eloignerent.
Cet entretien m'avait profondement affecte, et je balancais en moi-meme si je me ferais connaeitre, ou si je partirais inconnu. Enfin je me decidai; je me fis donner du papier et un crayon, et je tracai ces mots:
"Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus heureux aujourd'hui qu'il ne l'etait alors; et s'il expie sa faute, c'est apres s'etre reconcilie."
Puis je demandai, me trouvant assez fort, a me lever. On me donna la clef d'une petite armoire qui etait au chevet de mon lit; j'y retrouvai tout ce qui m'appartenait. Je m'habil- lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire ma boeite a botaniser, dans laquelle je retrou- vai, avec plaisir, les lichens que j'avais recueil- lis sur les cotes de Norwege, le jour de mon accident. Je mis mes bottes, placai sur mon lit le billet que j'avais prepare; et des que les
aujourd’hui plus heureux qu’il ne l’était alors. — Je trouve en moi la même confiance, répondit la belle veuve.» Et tous deux passèrent de- vant mon lit et s’éloignèrent.
Cet entretien m’avait profondément affecté, et je balançais en moi-même si je me ferais connaître, ou si je partirais inconnu. Enfin je me décidai; je me fis donner du papier et un crayon, et je traçai ces mots:
«Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors; et s’il expie sa faute, c’est après s’être réconcilié.»
Puis je demandai, me trouvant assez fort, à me lever. On me donna la clef d’une petite armoire qui était au chevet de mon lit; j’y retrouvai tout ce qui m’appartenait. Je m’habil- lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire ma boîte à botaniser, dans laquelle je retrou- vai, avec plaisir, les lichens que j’avais recueil- lis sur les côtes de Norwège, le jour de mon accident. Je mis mes bottes, plaçai sur mon lit le billet que j’avais préparé; et dès que les
<TEI><text><body><divn="1"><p><pbfacs="#f0149"n="117"/>
aujourd’hui plus heureux qu’il ne l’était alors. —<lb/>
Je trouve en moi la même confiance, répondit<lb/>
la belle veuve.» Et tous deux passèrent de-<lb/>
vant mon lit et s’éloignèrent.</p><lb/><p>Cet entretien m’avait profondément affecté,<lb/>
et je balançais en moi-même si je me ferais<lb/>
connaître, ou si je partirais inconnu. Enfin je<lb/>
me décidai; je me fis donner du papier et un<lb/>
crayon, et je traçai ces mots:</p><lb/><cit><quote>«Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus<lb/>
heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors; et s’il<lb/>
expie sa faute, c’est après s’être réconcilié.»</quote><bibl/></cit><lb/><p>Puis je demandai, me trouvant assez fort,<lb/>
à me lever. On me donna la clef d’une petite<lb/>
armoire qui était au chevet de mon lit; j’y<lb/>
retrouvai tout ce qui m’appartenait. Je m’habil-<lb/>
lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire<lb/>
ma boîte à botaniser, dans laquelle je retrou-<lb/>
vai, avec plaisir, les lichens que j’avais recueil-<lb/>
lis sur les côtes de Norwège, le jour de mon<lb/>
accident. Je mis mes bottes, plaçai sur mon<lb/>
lit le billet que j’avais préparé; et dès que les<lb/></p></div></body></text></TEI>
[117/0149]
aujourd’hui plus heureux qu’il ne l’était alors. —
Je trouve en moi la même confiance, répondit
la belle veuve.» Et tous deux passèrent de-
vant mon lit et s’éloignèrent.
Cet entretien m’avait profondément affecté,
et je balançais en moi-même si je me ferais
connaître, ou si je partirais inconnu. Enfin je
me décidai; je me fis donner du papier et un
crayon, et je traçai ces mots:
«Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus
heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors; et s’il
expie sa faute, c’est après s’être réconcilié.»
Puis je demandai, me trouvant assez fort,
à me lever. On me donna la clef d’une petite
armoire qui était au chevet de mon lit; j’y
retrouvai tout ce qui m’appartenait. Je m’habil-
lai; je suspendis par-dessus ma kourtke noire
ma boîte à botaniser, dans laquelle je retrou-
vai, avec plaisir, les lichens que j’avais recueil-
lis sur les côtes de Norwège, le jour de mon
accident. Je mis mes bottes, plaçai sur mon
lit le billet que j’avais préparé; et dès que les
Informationen zur CAB-Ansicht
Diese Ansicht bietet Ihnen die Darstellung des Textes in normalisierter Orthographie.
Diese Textvariante wird vollautomatisch erstellt und kann aufgrund dessen auch Fehler enthalten.
Alle veränderten Wortformen sind grau hinterlegt. Als fremdsprachliches Material erkannte
Textteile sind ausgegraut dargestellt.
Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 117. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/149>, abgerufen am 28.07.2024.
Alle Inhalte dieser Seite unterstehen, soweit nicht anders gekennzeichnet, einer
Creative-Commons-Lizenz.
Die Rechte an den angezeigten Bilddigitalisaten, soweit nicht anders gekennzeichnet, liegen bei den besitzenden Bibliotheken.
Weitere Informationen finden Sie in den DTA-Nutzungsbedingungen.
Insbesondere im Hinblick auf die §§ 86a StGB und 130 StGB wird festgestellt, dass die auf
diesen Seiten abgebildeten Inhalte weder in irgendeiner Form propagandistischen Zwecken
dienen, oder Werbung für verbotene Organisationen oder Vereinigungen darstellen, oder
nationalsozialistische Verbrechen leugnen oder verharmlosen, noch zum Zwecke der
Herabwürdigung der Menschenwürde gezeigt werden.
Die auf diesen Seiten abgebildeten Inhalte (in Wort und Bild) dienen im Sinne des
§ 86 StGB Abs. 3 ausschließlich historischen, sozial- oder kulturwissenschaftlichen
Forschungszwecken. Ihre Veröffentlichung erfolgt in der Absicht, Wissen zur Anregung
der intellektuellen Selbstständigkeit und Verantwortungsbereitschaft des Staatsbürgers zu
vermitteln und damit der Förderung seiner Mündigkeit zu dienen.
Zitierempfehlung: Deutsches Textarchiv. Grundlage für ein Referenzkorpus der neuhochdeutschen Sprache. Herausgegeben von der Berlin-Brandenburgischen Akademie der Wissenschaften, Berlin 2024. URL: https://www.deutschestextarchiv.de/.