Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.table de marbre noir, fixee au mur en face de PIERRE SCHLEMIHL J'entendis prononcer distinctement et a haute Je repris des forces peu a peu: je m'appe- table de marbre noir, fixée au mur en face de PIERRE SCHLÉMIHL J’entendis prononcer distinctement et à haute Je repris des forces peu à peu: je m’appe- <TEI> <text> <body> <div n="1"> <p><pb facs="#f0146" n="114"/> table de marbre noir, fixée au mur en face de<lb/> moi, était écrit bien distinctement mon nom:</p><lb/> <p>PIERRE SCHLÉMIHL<lb/> en grosses lettres d’or. Je ne me trompais pas,<lb/> ce n’était pas une illusion, j’en comptais toutes<lb/> les lettres. Au-dessous de mon nom étaient en-<lb/> core deux lignes d’écriture, mais les caractères<lb/> en étaient plus fins, et j’étais encore trop faible<lb/> pour les assembler. Je refermai les yeux.</p><lb/> <p>J’entendis prononcer distinctement et à haute<lb/> voix un discours, dans lequel il était question<lb/> de Pierre Schlémihl, mais je n’en pouvais pas<lb/> encore saisir le sens. Je vis un homme d’une<lb/> figure affable et une très-belle femme vêtue de<lb/> noir s’approcher de mon lit. Leurs physionomies<lb/> ne m’étaient point étrangères; cependant, je ne<lb/> pouvais pas encore les reconnaître.</p><lb/> <p>Je repris des forces peu à peu: je m’appe-<lb/> lais numéro douze, et numéro douze passait pour<lb/> un juif à cause de sa longue barbe, mais n’en<lb/> était pas pour cela traité avec moins de soin;<lb/> on paraissait ignorer qu’il eût perdu son ombre.<lb/> On conservait, me dit-on, mes bottes avec le<lb/> reste des effets trouvés sur moi, à mon entrée<lb/></p> </div> </body> </text> </TEI> [114/0146]
table de marbre noir, fixée au mur en face de
moi, était écrit bien distinctement mon nom:
PIERRE SCHLÉMIHL
en grosses lettres d’or. Je ne me trompais pas,
ce n’était pas une illusion, j’en comptais toutes
les lettres. Au-dessous de mon nom étaient en-
core deux lignes d’écriture, mais les caractères
en étaient plus fins, et j’étais encore trop faible
pour les assembler. Je refermai les yeux.
J’entendis prononcer distinctement et à haute
voix un discours, dans lequel il était question
de Pierre Schlémihl, mais je n’en pouvais pas
encore saisir le sens. Je vis un homme d’une
figure affable et une très-belle femme vêtue de
noir s’approcher de mon lit. Leurs physionomies
ne m’étaient point étrangères; cependant, je ne
pouvais pas encore les reconnaître.
Je repris des forces peu à peu: je m’appe-
lais numéro douze, et numéro douze passait pour
un juif à cause de sa longue barbe, mais n’en
était pas pour cela traité avec moins de soin;
on paraissait ignorer qu’il eût perdu son ombre.
On conservait, me dit-on, mes bottes avec le
reste des effets trouvés sur moi, à mon entrée
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