Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838.Je penetrai plus avant, je ne vis plus autour Je pénétrai plus avant, je ne vis plus autour <TEI> <text> <body> <div n="1"> <pb facs="#f0132" n="104"/> <p>Je pénétrai plus avant, je ne vis plus autour<lb/> de moi que des rochers stériles, dont une mousse<lb/> jaunâtre et aride revêtait la base, et dont les<lb/> sommets étaient couronnés de glaces et de nei-<lb/> ges. L’air était extrêmement froid. Je regardai<lb/> derrière moi, la forêt avait disparu. Je fis en-<lb/> core quelques pas: le silence de la mort m’en-<lb/> vironnait. Je me trouvais sur un champ de glace,<lb/> qui s’étendait à perte de vue autour de moi;<lb/> l’air était épais; le soleil se montrait sanglant<lb/> à l’horizon; je ne comprenais rien à ce qui<lb/> m’arrivait: le froid qui me gelait, me força de<lb/> hâter ma marche; j’entendis le bruissement éloigné<lb/> des flots; encore un pas et je fus aux bords<lb/> glacés d’un immense océan; et devant moi des<lb/> troupeaux innombrables de phoques, se précipi-<lb/> tèrent en rugissant dans les eaux. Je voulus<lb/> suivre cette rive; je revis des rochers, des fo-<lb/> rêts de bouleaux et de sapins, — des déserts.<lb/> Je continuai un instant à courir; la chaleur de-<lb/> vint étouffante. Je regardai autour de moi, j’é-<lb/> tais au milieu de rizières et de riches cultures.<lb/> Je m’assis sous l’ombre d’une plantation de<lb/> mûriers; je tirai ma montre, il n’y avait pas<lb/> un quart-d’heure que j’étais sorti du bourg. Je<lb/></p> </div> </body> </text> </TEI> [104/0132]
Je pénétrai plus avant, je ne vis plus autour
de moi que des rochers stériles, dont une mousse
jaunâtre et aride revêtait la base, et dont les
sommets étaient couronnés de glaces et de nei-
ges. L’air était extrêmement froid. Je regardai
derrière moi, la forêt avait disparu. Je fis en-
core quelques pas: le silence de la mort m’en-
vironnait. Je me trouvais sur un champ de glace,
qui s’étendait à perte de vue autour de moi;
l’air était épais; le soleil se montrait sanglant
à l’horizon; je ne comprenais rien à ce qui
m’arrivait: le froid qui me gelait, me força de
hâter ma marche; j’entendis le bruissement éloigné
des flots; encore un pas et je fus aux bords
glacés d’un immense océan; et devant moi des
troupeaux innombrables de phoques, se précipi-
tèrent en rugissant dans les eaux. Je voulus
suivre cette rive; je revis des rochers, des fo-
rêts de bouleaux et de sapins, — des déserts.
Je continuai un instant à courir; la chaleur de-
vint étouffante. Je regardai autour de moi, j’é-
tais au milieu de rizières et de riches cultures.
Je m’assis sous l’ombre d’une plantation de
mûriers; je tirai ma montre, il n’y avait pas
un quart-d’heure que j’étais sorti du bourg. Je
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