de cette affaire importante, dans un bourg ou l'on tenait foire, et je m'arretai devant une bou- tique, ou des chaussures vieilles et neuves etaient etalees. Je marchandai une paire de bottes neu- ves qui me convenaient parfaitement; mais le prix exorbitant que l'on en demandait, m'obligea d'y renoncer. Je me rabattis sur d'autres deja portees, qui paraissaient encore bonnes et tres- fortes; je conclus le marche. Le jeune garcon qui tenait la boutique, et dont une longue cheve- lure blonde ombrageait la belle figure, les re- mit entre mes mains, apres en avoir recu le paiement, et me souhaita, d'un air gracieux, un bon voyage. Je me chaussai de ma nouvelle emplette, et je sortis du bourg, dont la porte s'ouvrait du cote du nord.
Absorbe dans mes pensees, je regardais a peine a mes pieds; je songeais aux mines, ou j'esperais arriver le soir meme, et ou je ne savais trop comment me presenter.
Je n'avais pas encore fait deux cents pas, lorsque je m'apercus que je n'etais plus dans le chemin; je le cherchai des yeux. Je me trou- vais au milieu d'une antique foret de sapins, dont la coignee semblait n'avoir jamais approche.
de cette affaire importante, dans un bourg où l’on tenait foire, et je m’arrêtai devant une bou- tique, où des chaussures vieilles et neuves étaient étalées. Je marchandai une paire de bottes neu- ves qui me convenaient parfaitement; mais le prix exorbitant que l’on en demandait, m’obligea d’y renoncer. Je me rabattis sur d’autres déjà portées, qui paraissaient encore bonnes et très- fortes; je conclus le marché. Le jeune garçon qui tenait la boutique, et dont une longue cheve- lure blonde ombrageait la belle figure, les re- mit entre mes mains, après en avoir reçu le paiement, et me souhaita, d’un air gracieux, un bon voyage. Je me chaussai de ma nouvelle emplette, et je sortis du bourg, dont la porte s’ouvrait du côté du nord.
Absorbé dans mes pensées, je regardais à peine à mes pieds; je songeais aux mines, où j’espérais arriver le soir même, et où je ne savais trop comment me présenter.
Je n’avais pas encore fait deux cents pas, lorsque je m’aperçus que je n’étais plus dans le chemin; je le cherchai des yeux. Je me trou- vais au milieu d’une antique forêt de sapins, dont la coignée semblait n’avoir jamais approché.
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de cette affaire importante, dans un bourg où
l’on tenait foire, et je m’arrêtai devant une bou-
tique, où des chaussures vieilles et neuves étaient
étalées. Je marchandai une paire de bottes neu-
ves qui me convenaient parfaitement; mais le
prix exorbitant que l’on en demandait, m’obligea
d’y renoncer. Je me rabattis sur d’autres déjà
portées, qui paraissaient encore bonnes et très-
fortes; je conclus le marché. Le jeune garçon
qui tenait la boutique, et dont une longue cheve-
lure blonde ombrageait la belle figure, les re-
mit entre mes mains, après en avoir reçu le
paiement, et me souhaita, d’un air gracieux,
un bon voyage. Je me chaussai de ma nouvelle
emplette, et je sortis du bourg, dont la porte
s’ouvrait du côté du nord.
Absorbé dans mes pensées, je regardais à
peine à mes pieds; je songeais aux mines, où
j’espérais arriver le soir même, et où je ne
savais trop comment me présenter.
Je n’avais pas encore fait deux cents pas,
lorsque je m’aperçus que je n’étais plus dans
le chemin; je le cherchai des yeux. Je me trou-
vais au milieu d’une antique forêt de sapins,
dont la coignée semblait n’avoir jamais approché.
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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 103. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/131>, abgerufen am 23.07.2024.
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