lerent le long de mes joues. C'en etait fait de ma serenite.
Je poursuivis tristement ma route, et je ne desirai desormais aucune societe; je me tenais tout le jour dans l'epaisseur des bois; et lors- que j'avais a traverser quelque lieu decouvert, j'attendais qu'aucun regard ne paut m'y surprendre. Je cherchais le soir a m'approcher des villages ou je voulais passer la nuit. Je me dirigeais sur des mines situees dans ces montagnes, ou j'esperais obtenir du travail sous terre. Il fal- lait dans ma situation presente songer a ma subsistance, il fallait surtout, et je l'avais clai- rement reconnu, chercher dans un travail force, quelque relache aux sinistres pensees qui devo- raient mon ame.
Deux journees de marche par un temps plu- vieux, ou je n'avais pas le soleil a craindre, m'avancerent beaucoup sur ma route, mais ce fut aux depens de mes bottes, qui dataient du temps du comte Pierre, et n'avaient pas ete faites pour voyager a pied dans les montagnes; je marchais pieds nus; il fallait renouveler ma chaussure. Le matin du jour suivant, le ciel etant encore couvert, j'entrai, pour m'occuper
lèrent le long de mes joues. C’en était fait de ma sérénité.
Je poursuivis tristement ma route, et je ne désirai désormais aucune société; je me tenais tout le jour dans l’épaisseur des bois; et lors- que j’avais à traverser quelque lieu découvert, j’attendais qu’aucun regard ne pût m’y surprendre. Je cherchais le soir à m’approcher des villages où je voulais passer la nuit. Je me dirigeais sur des mines situées dans ces montagnes, où j’espérais obtenir du travail sous terre. Il fal- lait dans ma situation présente songer à ma subsistance, il fallait surtout, et je l’avais clai- rement reconnu, chercher dans un travail forcé, quelque relâche aux sinistres pensées qui dévo- raient mon âme.
Deux journées de marche par un temps plu- vieux, ou je n’avais pas le soleil à craindre, m’avançèrent beaucoup sur ma route, mais ce fut aux dépens de mes bottes, qui dataient du temps du comte Pierre, et n’avaient pas été faites pour voyager à pied dans les montagnes; je marchais pieds nus; il fallait renouveler ma chaussure. Le matin du jour suivant, le ciel étant encore couvert, j’entrai, pour m’occuper
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lèrent le long de mes joues. C’en était fait de
ma sérénité.
Je poursuivis tristement ma route, et je ne
désirai désormais aucune société; je me tenais
tout le jour dans l’épaisseur des bois; et lors-
que j’avais à traverser quelque lieu découvert,
j’attendais qu’aucun regard ne pût m’y surprendre.
Je cherchais le soir à m’approcher des villages
où je voulais passer la nuit. Je me dirigeais
sur des mines situées dans ces montagnes, où
j’espérais obtenir du travail sous terre. Il fal-
lait dans ma situation présente songer à ma
subsistance, il fallait surtout, et je l’avais clai-
rement reconnu, chercher dans un travail forcé,
quelque relâche aux sinistres pensées qui dévo-
raient mon âme.
Deux journées de marche par un temps plu-
vieux, ou je n’avais pas le soleil à craindre,
m’avançèrent beaucoup sur ma route, mais ce
fut aux dépens de mes bottes, qui dataient du
temps du comte Pierre, et n’avaient pas été
faites pour voyager à pied dans les montagnes;
je marchais pieds nus; il fallait renouveler ma
chaussure. Le matin du jour suivant, le ciel
étant encore couvert, j’entrai, pour m’occuper
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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 102. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/130>, abgerufen am 24.07.2024.
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