aussi a vous trouver infiniment ennuyeux. Or donc, ponr vous soustraire definitivement et a jamais a l'humiliation de ma facheuse presence, je vous le conseille encore une fois: rachetez- moi cette ombre tant regrettee." -- "A ce prix? lui dis-je, en lui presentant la bourse." -- "Non." Telle fut sa laconique reponse. Je soupirai profondement, et repris la parole: "A la bonne heure. Je n'en insiste pas moins sur notre separation. Ne vous obstinez pas, Mon- sieur, a me barrer plus long-temps le chemin sur cette terre, qui, je pense, est assez large pour tous deux. "Il sourit, et me repliqua: -- "Je pars, Monsieur, mais auparavant je veux vous apprendre a sonner votre valet tres-in- digne, si jamais vous pouviez avoir besoin de lui. Vous n'avez, pour cela, qu'a secouer votre bourse; le tintement de l'or eternel qu'elle ren- ferme se fera partout entendre a mon oreille, et je serai toujours a vos ordres. Chacun pense a son profit, dans ce monde; vous voyez qu'en songeant au mien, je ne neglige pas vos inte- rets. N'est-il pas evident que je remets au- jourd'hui une nouvelle force a votre disposition? Oh! cette bourse! Tenez, quand les teignes
aussi à vous trouver infiniment ennuyeux. Or donc, ponr vous soustraire définitivement et à jamais à l’humiliation de ma fâcheuse présence, je vous le conseille encore une fois: rachetez- moi cette ombre tant regrettée.» — «A ce prix? lui dis-je, en lui présentant la bourse.» — «Non.» Telle fut sa laconique réponse. Je soupirai profondément, et repris la parole: «A la bonne heure. Je n’en insiste pas moins sur notre séparation. Ne vous obstinez pas, Mon- sieur, à me barrer plus long-temps le chemin sur cette terre, qui, je pense, est assez large pour tous deux. «Il sourit, et me répliqua: — «Je pars, Monsieur, mais auparavant je veux vous apprendre à sonner votre valet très-in- digne, si jamais vous pouviez avoir besoin de lui. Vous n’avez, pour cela, qu’à secouer votre bourse; le tintement de l’or éternel qu’elle ren- ferme se fera partout entendre à mon oreille, et je serai toujours à vos ordres. Chacun pense à son profit, dans ce monde; vous voyez qu’en songeant au mien, je ne néglige pas vos inté- rêts. N’est-il pas évident que je remets au- jourd’hui une nouvelle force à votre disposition? Oh! cette bourse! Tenez, quand les teignes
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aussi à vous trouver infiniment ennuyeux. Or
donc, ponr vous soustraire définitivement et à
jamais à l’humiliation de ma fâcheuse présence,
je vous le conseille encore une fois: rachetez-
moi cette ombre tant regrettée.» — «A ce prix?
lui dis-je, en lui présentant la bourse.» —
«Non.» Telle fut sa laconique réponse. Je
soupirai profondément, et repris la parole: «A
la bonne heure. Je n’en insiste pas moins sur
notre séparation. Ne vous obstinez pas, Mon-
sieur, à me barrer plus long-temps le chemin
sur cette terre, qui, je pense, est assez large
pour tous deux. «Il sourit, et me répliqua: —
«Je pars, Monsieur, mais auparavant je veux
vous apprendre à sonner votre valet très-in-
digne, si jamais vous pouviez avoir besoin de
lui. Vous n’avez, pour cela, qu’à secouer votre
bourse; le tintement de l’or éternel qu’elle ren-
ferme se fera partout entendre à mon oreille,
et je serai toujours à vos ordres. Chacun pense
à son profit, dans ce monde; vous voyez qu’en
songeant au mien, je ne néglige pas vos inté-
rêts. N’est-il pas évident que je remets au-
jourd’hui une nouvelle force à votre disposition?
Oh! cette bourse! Tenez, quand les teignes
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Chamisso, Adelbert von: MERVEILLEUSE HISTOIRE DE PIERRE SCHLÉMIHL. Paris, 1838, S. 95. In: Deutsches Textarchiv <https://www.deutschestextarchiv.de/19_ZZ_2786/121>, abgerufen am 24.07.2024.
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